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21 mai 2024

Opinion: les violences basées sur le genre dépassent les frontières géographiques et culturelles

Les violences sexistes et sexuelles sont universelles. Elles ne connaissent pas de frontières sociales ou géographiques. Nous devons de toute urgence nous mobiliser contre les violences basées sur le genre, que ce soit en Belgique, en RD du Congo, ou ailleurs dans le monde. C’est ce qu’écrivent dans cet article Anna Salvati et Thibaut Verhaeghe, tous les deux membres du personnel de Memisa. Nos collègues souhaitent ainsi sensibiliser le grand public à cette dure réalité. 

L’inégalité entre les hommes et les femmes, au fondement de la violence basée sur le genre 

La violence fondée sur le genre désigne tout acte préjudiciable à l’encontre d’un individu ou d’un groupe en raison de son identité de genre. Selon l’Institut européen pour l’égalité entre les hommes et les femmes (EIGE), la violence fondée sur le genre est l’une des pires formes que peut prendre l’inégalité entre les hommes et les femmes. Cette violence touche les femmes de manière disproportionnée, car elle est directement liée à la répartition inégale du pouvoir entre les hommes et les femmes (EIGE, 2016).

Les données recueillies montrent que la violence fondée sur le genre est omniprésente. Qu’il s’agisse de viols, de violences domestiques ou de féminicides, les violences basées sur le genre ont une dimension universelle. Elles dépassent les frontières géographiques et sociales. Aucune femme dans le monde ne peut être certaine d’échapper à cette forme de violence. Selon ONU Femmes, 1 femme sur 3 dans le monde a subi des violences physiques ou sexuelles à un moment ou à un autre de sa vie (OMS, 2018).

La violence basée sur le genre se manifeste partout. Elle peut toucher n’importe qui, à n’importe quel moment, indépendamment de la culture, de la langue, de l’appartenance ethnique ou de la religion. À la maison, sur le lieu de travail, dans les zones de conflit, dans les camps de réfugiés… Le viol, par exemple, ne se produit pas seulement dans les régions où l’insécurité, la pauvreté ou l’exploitation économique affectent la population, comme dans l’est de la RD du Congo. Même dans les régions les plus prospères du monde, la violence sexiste et sexuelle n’est pas une exception. En Italie, en 2023, 103 femmes ont été assassinées en raison de leur sexe, selon les chiffres de l’Observatoire national du féminicide en Italie.

Violence sexuelle: une souffrance mentale et physique

La violence sexuelle est une forme de violence fondée sur le genre. Elle constitue une expérience traumatisante et entraîne de profondes blessures psychologiques ainsi qu’un sentiment de honte. Une atteinte à notre intimité provoque un sentiment indescriptible d’humiliation et souvent de honte. L’impact de la violence sexuelle sur le bien-être mental est énorme. Les survivantes de la violence sexuelle (en raison de leur force et de leur persévérance, il serait erroné de les qualifier de « victimes ») sont confrontées à des troubles anxieux, à la dépression et au stress post-traumatique.

Tant sur le plan mental que physique, la violence sexuelle ruine d’innombrables vies dans le monde entier. Les blessures physiques ne sont pas seulement douloureuses. Elles brisent les rêves de l’enfance et ont un impact sérieux sur la vie sexuelle. Cette forme de violence a de graves conséquences sur la santé physique des femmes. Il s’agit souvent de blessures irréparables et, dans certains cas, la violence sexuelle peut même entraîner la mort. Les femmes doivent poursuivre leur vie avec une blessure mentale et souvent physique qui ne peut être guérie, comme l’explique Denis Mukwege dans son livre « Le pouvoir des femmes » (Mukwege, 2021).

En RD du Congo, la vie des victimes est à jamais bouleversée. Après le crime, la survivante est généralement rejetée et son mariage avec son mari est souvent dissous. En fait, elle est souvent tenue pour responsable de l’abus, comme si elle avait provoqué la violence par son propre comportement. C’est d’ailleurs ce qui est trop souvent mis en avant en Occident pour légitimer des comportements sexuels non désirés.

Les mutilations génitales sont encore pratiquées dans 33 pays d’Afrique, 6 pays d’Asie et 5 pays du Moyen-Orient. Les mutilations génitales ne sont pas non plus une exception dans certaines communautés d’Europe de l’Est et au sein de la diaspora en Europe et aux États-Unis. On estime qu’environ 4 millions de filles sont exposées chaque année au risque de mutilation génitale féminine.

Le viol est également une forme encore très répandue de violence sexuelle à l’égard des femmes. L’absence de chiffres fiables ne nous empêche pas de parler d’une véritable crise du viol qui sévit actuellement, et depuis de nombreuses années, en RD du Congo. En particulier dans l’est du pays, des millions de personnes sont touchées par l’insécurité. En Ituri et au Sud-Kivu, où Memisa opère en tant qu’ONG, le viol est utilisé comme arme de guerre.

En raison du manque de données fiables, il est difficile de quantifier les cas de violence sexuelle dans le monde. Et puis, les femmes hésitent souvent à dénoncer les crimes commis à leur encontre, ce qui est compréhensible. La violence sexuelle est la forme de violence la moins signalée dans le monde. Les recherches montrent que, contrairement à d’autres formes de violence, la violence fondée sur le genre ne diminue pas dans les pays occidentaux (source). C’est inquiétant.

Les femmes sont considérées comme des citoyennes de seconde zone 

Les causes de la violence fondée sur le genre sont culturelles, sociales, économiques et politiques. Dans cet article, nous aborderons les 2 premières, qui se traduisent par l’oppression des femmes. Les normes sociales patriarcales perpétuent l’inégalité entre les sexes et contribuent à ce type de violence.

En RD du Congo, mais aussi, dans une plus ou moins grande mesure, dans la plupart des sociétés, les femmes sont souvent considérées comme des citoyennes de seconde zone dès leur naissance. Dans les sociétés où les hommes détiennent le pouvoir social et politique, la violence sexuelle est un effet collatéral bien toléré.

Encore aujourd’hui, dans nombreuses communautés de l’Afrique à l’Europe, on attend des femmes qu’elles s’occupent des enfants, qu’elles fassent le ménage et qu’elles obéissent à leur mari. En général le travail de ‘care’ non rémunéré est traditionnellement réservé aux femmes.. Elles sont encore trop souvent considérées comme « inférieures » dans le monde entier. Pendant des millénaires, la société a été façonnée par la domination masculine, ce qui a conduit des millions, voire des milliards, de filles et de femmes à subir des discriminations et des injustices. Le mépris de la vie des femmes est en fin de compte la cause des crimes sexuels

La violence masculine à l’égard des femmes est également alimentée par une culture de l’impunité, où l’ « agresseur » n’est pas suffisamment puni et où les victimes ne sont pas suffisamment protégées et soutenues. Une écrasante majorité de femmes sont abandonnées par le système de justice pénale. Partout dans le monde, le viol reste souvent en dehors de la sphère pénale et trop souvent les femmes et filles sont obligées par leur même famille à accepter des accords à l’amiable voir marier leur bourreau.

Rompre le déséquilibre de pouvoirs 

L’un des moyens de lutter contre la violence sexuelle est de continuer à réduire les déséquilibres de pouvoir entre les hommes et les femmes. Car la violence sexiste est et restera toujours une histoire de pouvoir. Cet article d’opinion est un appel fait aux personnes en position d’influence : prenez la parole au sujet des violences sexuelles. Ensemble, en tant que citoyens, politiciens et activistes, nous pouvons jouer un rôle à bien des égards pour faire du monde un endroit plus sûr pour les femmes. En faisant entendre nos voix et celles des femmes.

Nous avons écrit ce texte pour exprimer notre indignation face à ce qui est fait à nos semblables. Personne ne mérite de souffrir physiquement et mentalement à cause des violences sexuelles. En tant que membres du personnel de l’ONG médicale Memisa, qui fait de la lutte contre la mortalité maternelle une priorité, nous pensons qu’il est important de sensibiliser le grand public à ce problème. Nous considérons également qu’il est nécessaire que des mesures soient prises au niveau politique, partout dans le monde, pour les prévenir et les combattre. En sensibilisant le grand public, ainsi qu’en éliminant certains sujets tabous comme les violences sexuelles, des changements positifs peuvent survenir dans la manière dont les femmes sont traitées. C’est ce en quoi nous croyons.

Anna Salvati est responsable régionale pour Memisa pour l’Ituri.  

Thibaut Verhaeghe est chargé de communication pour Memisa.

Ce texte est une traduction de l’opinion publiée sur le site du Mo* Magazine: https://www.mo.be/opinie/gendergerelateerd-geweld-overschrijdt-geografische-en-culturele-grenzen 

 

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13 mai 2024

Comment Memisa lutte contre la malnutrition en Ituri (RD du Congo)

Memisa lutte contre la malnutrition en Ituri dans le cadre de son programme Unis pour la Santé et l’Education (USE). Ce programme est financé par l’Union européenne. Il a pour objectif d’améliorer la santé et le bien-être des populations en RD du Congo. Dr. Houssinnet Lipelba est responsable de ce programme pour Memisa, en Ituri. Il nous explique comment l’ONG belge agit pour lutter contre l’insécurité alimentaire croissante dans la province.

 

Memisa lutte contre la malnutrition en RD du Congo

Le programme USE, financé par l’Union européenne, permet à Memisa de mener des projets très variés, aussi bien au Kongo-Central qu’en Ituri. Après les premiers succès enregistrés au Kongo-Central, d’autres sont également à saluer dans la province orientale.

En Ituri, le programme atteint 1.5 millions d’habitants, dans 7 zones de santé. L’un des projets phares du programme USE dans cette province est la lutte contre la malnutrition, qui est l’une des principales causes de mortalité chez les enfants. Memisa encourage la production et la consommation d’aliments locaux pour combattre ce fléau. Nous sensibilisons également la population. Dr Lipelba Houssinnet travaille pour Memisa dans la province de l’Ituri en tant qu’assistante technique et médecin de santé publique. Il nous explique plus en détails comment Memisa y lutte contre la malnutrition.

La malnutrition est influencée par de facteurs politiques et économiques 

En RD Congo, la malnutrition est un défi structurel. Et des facteurs externes comme les épidémies, les crises économiques ou les conflits aggravent l’insécurité alimentaire. C’est le cas en Ituri, une province déchirée par la guerre. Dans cette région, plus de 1,6 million de personnes ont quitté leur foyer, laissant leurs biens derrière eux.

Souvent, être déplacé signifie ne pas être sûr de pouvoir donner à manger à son enfant. « Les gens se retrouvent en territoire inconnu après avoir dû fuir leur maison », explique le Dr Houssinnet. « Il est difficile pour eux de pratiquer l’agriculture et de rester autosuffisant. Par conséquent, des milliers de familles ne peuvent pas subvenir à leurs besoins ».

 

Dr. Lipelba Houssinnet est Assistant Technique International pour Memisa

L’insécurité en Ituri rend également l’accès aux soins de santé difficile pour des millions de personnes. Les femmes et les jeunes enfants sont particulièrement touchés. L’incapacité à accéder aux établissements de santé aggrave la problématique de la malnutrition. De plus, les ménages manquent de ressources financières pour nourrir convenablement leurs enfants. C’est la raison pour laquelle la malnutrition est également beaucoup plus fréquente dans les familles défavorisées.

Outre les facteurs politiques et économiques, certaines maladies courantes ont également un impact sur le taux élevé de malnutrition dans la région. Par exemple, le paludisme, qui entraîne à un stade avancé une anémie grave. « Ces conditions accélèrent la malnutrition chez les enfants », explique le Dr Houssinnet. Le manque d’eau potable dans la région entraîne également des complications qui provoquent une augmentation du nombre d’enfants malnutris. « Lorsque les enfants manquent d’eau potable, ils ont souvent la diarrhée. Cela les affaiblit et les rend plus susceptibles de souffrir de malnutrition.

Consommation et production d’aliments locaux contre la malnutrition

Pour améliorer la sécurité alimentaire des populations locales en Ituri, Memisa veut accroître l’autonomie alimentaire. Concrètement, nous encourageons l’utilisation de produits locaux pour les repas des enfants. « Au lieu d’importer des plats thérapeutiques prêts à l’emploi comme solution à court-terme, il est préférable, à long-terme, de s’assurer que la population soit en mesure de produire elle-même des repas et des plats équilibrés ».

Pour lutter contre la malnutrition, de nombreuses organisations internationales réagissent en introduisant des aliments thérapeutiques (tels que plumpy’nut). Cette solution peut aider beaucoup d’enfants à se rétablir à court terme. Toutefois, elle n’est pas viable sur la durée. Pour réduire la dépendance à l’égard des produits importés, Memisa encourage la préparation d’une bouillie riche en calories pour les enfants qui souffre de malnutrition sévère. Les ingrédients de cette bouillie sont des produits locaux tels que la farine de maïs, l’huile et les cacahuètes.

“ »Au lieu d’importer des plats thérapeutiques prêts à l’emploi, il vaut mieux, à long terme, s’assurer que la population soit en mesure de produire elle-même des repas équilibrés », déclare Dr. Lipelba Houssinnet

 

La consommation de repas équilibrés est essentielle pour combattre la malnutrition infantile

Un rôle clé pour les relais communautaires

Les relais communautaires sont des bénévoles issus de la communauté. Ils sont formés par Memisa et conseillent aux gens des recettes à base d’aliments locaux pour préparer des plats équilibrés. Car la cause de l’état de sous-nutrition des enfants n’est pas seulement due au fait qu’ils ne mangent pas assez. Beaucoup d’enfants ne reçoivent pas suffisamment de vitamines et de nutriments essentiels. Leur régime alimentaire trop peu varié, ce qui entraîne des problèmes de santé.

L’amélioration de l’autonomie est encouragée par des démonstrations culinaires. « Au cours de ces ateliers de cuisine, soutenus par Memisa, les parents apprennent à préparer des repas. Grâce à cela, les enfants bénéficient d’une alimentation variée et riche en micronutriments », explique le Dr Houssinet.

Les relais communautaires sont en contact direct avec la communauté locale. Ils sont idéalement placés pour détecter la malnutrition à un stade précoce. Ils jouent également un rôle important dans la sensibilisation de la communauté. En effectuant des visites à domicile, les agents communautaires encouragent la population locale à prendre de nouvelles habitudes dans la confection des repas. « Par exemple, ils recommandent les aliments qui conviennent aux différentes tranches d’âge des enfants. »

Memisa soutient des ateliers de cuisine en Ituri

 

Un dispositif durable en réponse à un contexte particulier

La promotion en Ituri de l’utilisation de produits locaux dans l’alimentation des enfants est une réponse à 2 phénomènes. Tout d’abord, les frontières ont été fermées durant l’épidémie d’Ebola et la pandémie de Covid-19. L’importation d’aliments industriels était alors impossible. Ensuite, les produits locaux sont beaucoup moins chez que les aliments manufacturés, en cas de crise économique.

Produire des aliments localement, c’est avoir la garantie d’une disponibilité de nourriture, à court et à long-terme. L’un des inconvénients des produits importés est la longueur du cycle logistique. « Souvent, ces produits n’arrivent que six mois après la commande. C’est beaucoup trop long pour inverser la situation d’un enfant souffrant de malnutrition », explique le Dr Houssinnet. « En produisant et en consommant des aliments localement, nous controns ce problème ».

 

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19 février 2024

Solidarité internationale : Rencontre avec Karel Gyselinck

Karel Gyselinck et Memisa, c’est une vieille histoire ! Karel a travaillé pour Memisa en tant que responsable médicale endant plus de dix ans. Aujourd’hui, il reste un de nos fidèles bénévoles, en tant que conseiller médical. Nous avons engagé avec lui une conversation passionnante sur son expérience chez Memisa, la coopération avec les partenaires en Inde et l’évolution du secteur de la coopération au développement.

 

Karel a été responsable médical chez Memisa pendant de nombreuses années

Son master en santé publique de l’Institut tropical d’Anvers en poche, Karl travaille pendant cinq ans dans un hôpital en Zambie avec son épouse. En 1996, il rejoint Memisa. Pendant 12 ans, ce médecin généraliste de formation a travaillé chez Memisa en tant que médecin-chef, où il a vécu une période formidable. « Dès le début, j’ai adhéré pleinement à la vision de Memisa, qui, dans les années 1990, était  une organisation qui était encore en train de prendre forme », explique Karel.

Mais pourquoi un médecin généraliste prend-t-il la décision de rejoindre le siège d’une ONG ? « J’ai trouvé que mon travail de médecin à Memisa était très proche de mon travail de médecin généraliste. On offre une oreille attentive, on oriente les gens, on travaille avec des spécialistes et on s’assoit avec les gens ». La motivation intrinsèque de Karel pour travailler dans le secteur découle de son amour de la collaboration et du multiculturalisme. « Travailler avec des personnes d’autres continents, d’autres cultures, s’enrichir mutuellement de connaissances et d’expériences, je trouve que c’est une approche précieuse dans la vie », déclare Karel.

Le contexte de la coopération au développement change  

Karel Gyselinck a beaucoup d’expérience dans le secteur de la solidarité internationale. En 2024, il entrevoit un certain nombre d’évolutions positives dans la manière dont la coopération internationale est menée. Ce qui caractérise Memisa dans la manière de faire de la coopération internationale tourne autour de trois valeurs fondamentales, selon Karel : le partenariat égalitaire, la connaissance du terrain et la flexibilité.

En Inde, Memisa collabore avec WBHA pour l’empowerment des femmes

Les partenariats équitable sont élément fondamental dans la manière dont Memisa fait de la coopération internationale. Selon Karl, il est important que la demande de coopération émane du partenaire lui-même. « Nous ne devons pas imposer l’aide nous-mêmes, ce qui s’est trop souvent produit par le passé, mais nous devons faire preuve d’humilité », déclare Karel. Alors que la « coopération au développement » était autrefois fortement axée sur le Nord et le Sud, les ONG s’inscrivent aujourd’hui de plus en plus dans un long processus, mené par les partenaires eux-mêmes.

 

« Dans notre façon de travailler ensemble, nous devons faire preuve de plus d’humilité »

Karel Gyselinck

Karel souligne l’importance d’une collaboration constructive, sous forme de dialogue, et du fait que ce n’est pas à nous de fixer l’ordre du jour. « Ce n’est pas à nous de trouver des solutions, elles viennent principalement du terrain. La souveraineté du pays partenaire est toujours le point de départ. Mais en tant qu’acteurs de la coopération internationale, nous pouvons soutenir ce processus. »

Un deuxième aspect important est la flexibilité. Lors de l’élaboration et de la mise en œuvre d’un projet, nous ne devons pas nous en tenir à une seule méthode de travail. Les procédures associées à la mise en œuvre du projet doivent permettre une certaine flexibilité. « Car il est important de pouvoir procéder à des ajustements substantiels lors de la mise en œuvre d’un projet, en fonction de l’évolution du contexte. Si l’on compare l’Inde d’aujourd’hui à celle d’il y a 20 ans, elle n’est plus du tout la même. La manière dont nous élaborons un projet est complètement différente.

La connaissance du terrain est également cruciale dans le cadre de la coopération internationale, « un domaine dans lequel Memisa est très forte », déclare Karel. Les concepts et la théorie ne peuvent être traduits avec succès qu’une fois sur le terrain. « Une fois sur le terrain, on voit vraiment quels sont les besoins réels et on les examine avec les acteurs locaux. Un autre changement positif est celui de la connaissance. « Alors que nous dépendions principalement de l’expertise européenne, la plupart des experts avec lesquels nous travaillons aujourd’hui viennent d’autres continents. Cet échange de connaissances avec les pays du Sud Global est extrêmement intéressant ».

Une collaboration positive en Inde, grâce aux connaissances du terrain

En Inde, Memisa soutient la West Bengal Voluntary Health Association (WBVHA), une organisation qui soutient un réseau d’ONG locales. Soutenue par Memisa, WBVHA se distingue par son impact sur le terrain. Par exemple, WBVHA soutient la mobilisation des communautés pour développer des initiatives locales qui promeuvent le droit et l’accès aux soins de santé.

En tant que bénévole pour Memisa, Karel travaille principalement au suivi du projet en Inde. Il y a plus de 25 ans d’expérience, en coopération avec la WBVHA. Ensemble, Memisa et WBVHA ont mis en réseau plus de 40 ONG locales autour des soins de santé. Les femmes, les adolescents et personnes âgées ont notamment créé des groupes d’entraide pour les urgences médicales, le bien-être mental et l’éduction sexuelle.

Cela permet de renforcer également les relations avec l’état, ce qui est très important, selon Karel : « Parce que pour apporter des changements, il faut non seulement commencer à chercher des solutions au niveau local, mais aussi commencer à influencer la politique avec le gouvernement, créer des réseaux et s’organiser ensemble.

La collaboration avec notre partenaire en Inde est un bon exemple où les trois composantes évoquées plus haut dans cet article entrent en jeu. « Dans ce partenariat, une grande importance est accordée au partenaire. En travaillant ensemble depuis de nombreuses années, nous avons développé une vision et des valeurs communes et nous nous sommes rapprochés l’un de l’autre ».

Karel Gyselink et Biswantah Basu de WHBA : ‘Une belle amitié s’est développée. »

 

Cette belle et longue coopération avec les partenaires indiens a donné naissance à un livre rassemblant des expériences sur les soins de santé en Inde, « Sailing below the waves »

 

Vous aussi vous souhaitez vous impliquer pour l’accès aux soins de santé dans le monde ? Découvrez nos appels à bénévoles et nos offres d’emploi sur : https://memisa.be/fr/jobs/ 
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5 février 2024

Enregistrement des naissances et dossier médical familial: 2 facettes du projet Memisa financé par l’Union européenne

Memisa facilite l’enregistrement des naissances et la mise en place de dossiers médicaux familiaux en RD du Congo, via le Programme Unis pour la Santé et l’Education (USE). Ce programme multidimensionnel est mis en œuvre par Memisa et financé par l’Union européenne. Dr Yves Sossou travaille pour Memisa dans la province du Kongo Central. Il nous explique les deux aspects clés du projet.

 

Les enfants dont la naissance a été enregistrée ont un meilleur accès aux soins de santé (Kongo Central, RD Congo)

Le dossier familial est un outil pour des soins de santé de meilleure qualité

Le dossier médical familial a été développé dans le cadre du Programme USE, afin d’améliorer la situation sanitaire des habitants du Kongo Central. Le dossier familial permet aux prestataires de soins de connaître l’historique de santé des ménages et des aires d’intervention et de faire un meilleur suivi de leurs patients. En collaboration avec son partenaire local, la  MUSAKIS-FASS,  Memisa apporte une assistance technique et un soutien financier pour renforcer ce système.

Yves Sossou est médecin en santé publique et Assistant Technique International pour Memisa.  Il décrit le dossier familial comme “une database” d’informations sur l’état de santé de tous les membres de la famille.  « Le dossier médical permet une connaissance approfondie des situations médicales de chaque membre d’une famille. Cela permet d’apporter des soins très spécifiques pour chaque patient. »

Des soins plus adaptés et une confiance renforcée vis-à-vis du corps médical

L’implémentation des dossiers médicaux  est une solution win-win pour l’ensemble de la communauté. D’une part, les centres de santé peuvent fournir des soins complets, spécifiques et continus de qualité. D’autre part, la population fait davantage confiance aux centres de santé. Elle s’engage, lorsqu’elle a besoin d’aide médicale, à considérer les centres de santé comme un endroit fiable où elle peut être soignée. Le dossier familial crée ainsi une sorte d’ « engagement mutuel » entre la population et les centres de santé. La qualité des soins de santé s’en trouve ainsi améliorée.

LE DOSSIER MÉDICAL FAMILIAL 

C’est une base de données en lien avec la situation de santé de chaque membre de la famille

⇒ Tous les actes médicaux sont enregistrés dans le dossier

⇒ Il garantit une connaissance approfondie de l’état de santé de chacun

⇒ Il permet d’apporter des soins adaptés au patient et au profil épidémiologique de l’aire de santé

⇒ Grâce aux données compilées, il est plus facile de réaliser des enquêtes épidémiologiques  plus larges

Le dossier médical familial permet de dresser un tableau de l’état de santé général de la communauté

Les dossiers familiaux sont actualisés de manière continue. « Les données sont collectées continuellement et régulièrement mises à jour. À chaque fois qu’un membre d’une famille se rend au centre de santé ou à l’hôpital ou qu’un prestataire réalise une visite à domicile, les données sont ajoutées », précise Dr Sossou.

 

Yves Sossou est responsable de la mise en oeuvre du Programme USE dans la Province du Kongo Central (RD du Congo)

Le dossier médical familial est un bon moyen de comprendre quels sont les besoins sanitaires dans la région.  La compilation de données médicales diverses permet de mener des enquêtes épidémiologiques approfondies, dans des zones spécifiques. Par exemple, il est possible de déterminer quelles sont les pathologies les plus courantes dans la région. Les dossiers familiaux permettent ainsi de fournir aux populations locales des soins sur mesure, adaptés aux maladies les plus courantes localement.

L’enregistrement des naissances est indispensable pour garantir le droit à la citoyenneté

L’enregistrement des naissances est une porte d’entrée privilégiée pour bénéficier d’un dossier familial.  Un dossier médical ne sera jamais exhaustif si la naissance du patient n’a pas été enregistrée.  Ne pas enregistrer la naissance d’un enfant peut même avoir des conséquences néfastes pour son accès futur aux soins de santé.  « Si un enfant a besoin de soins spécifiques et doit être transféré d’urgence à l’étranger pour être soigné, il n’aura pas vite accès aux soins de santé auxquels il aurait droit car il serait difficile de lui établir rapidement des documents de voyage», explique Dr Sossou.

L’enregistrement des naissances est l’un des droits de l’enfant, consacrés par la loi portant protection de l’enfance de la RD Congo  et certaines dispositions du Code de la Famille. En l’absence d’un acte de naissance, l’enfant ne peut bénéficier pleinement des droits y afférant  civiques, économiques, politiques, social et culturel (santé, éducation à l’extérieur du pays, nationalité, héritage en cas de décès de parents, etc), explique Dr Sossou.

En RD Congo, et plus particulièrement dans la province du Kongo Central, la situation en matière d’enregistrement des naissances est préoccupante. Avant l’intervention de Memisa dans les zones de santé de Kisantu, Ngidinga et Gombe-Matadi, seulement 31% des naissances étaient enregistrées. « Cela signifie que plus des deux tiers des enfants n’ont pas de document d’état civil. Leur citoyenneté en tant qu’enfants de la RD Congo  est compromise, déclare Dr Sossou.

 

Médecins, infirmiers, travailleurs communautaires… Toutes et tous agissent pour faciliter l’enregistrement des naissances au Kongo Central.

Comment Memisa facilite-t-elle l’enregistrement des naissances en RD Congo?

« La proportion de naissances enregistrées a atteint les 61% dans les zones de santé d’intervention. C’est grâce à l’appui de Memisa qui facilite l’enregistrement des naissances, précise Dr Sossou, qui qualifie ces progrès d’ « encourageants et prometteurs ».

En RD Congo, lorsqu’une naissance n’est pas enregistrée dans les 90 jours, les coûts d’enregistrement augmentent et se situent entre 140€ et 180€ par enfant. « C’est pourquoi beaucoup de parents ne déclarent pas la naissance de leurs enfants au-delà de la période de gratuité de 90 jours. ». Il revient au tribunal de paix ou pour enfant de statuer sur ces cas.  Memisa plaide pour la mise en place d’un mécanisme facilitant la régularisation des actes de naissance des enfants de plus de 3 mois. Des séances de plaidoyer ont été menées en direction du tribunal pour enfant de  Mbanza-Ngungu et du tribunal de paix de Madimba.

Désormais, les parents reçoivent à la maternité un formulaire de procuration. C’est le personnel soignant qui dépose ces formulaires à l’état civil à la fin de chaque mois. Ensuite, les actes de naissance sont délivrés et remis aux parents via les centres de santé. Ce système contribue à l’amélioration significative du nombre de déclarations de naissance.

Pour les naissances de plus de 90 jours, des fiches valant requête sont renseignées au niveau des secteurs d’état civil et transmises par les Médecins chef de zone aux tribunaux en vue de la délivrance des ordonnances portant acte de notoriété supplétif à un acte de naissance.

Memisa a organisé une formation à ce sujet pour le personnel de santé et les équipes des secteurs d’état civil.  « Des frais de déplacement sont payés sous forme de forfait à la fin de chaque mois au responsable de chaque centre de santé. Cela couvre les frais engagés par le personnel soignant pour déposer le formulaire de procuration et distribuer les actes de naissance », explique Dr Sossou.

OSensibiliser les parents à l’importance des démarches administratives à la naissance de leur bébé

La population locale ne perçoit pas toujours l’importance de l’enregistrement des naissances. C’est pourquoi Memisa met également l’accent sur la sensibilisation. Nous collaborons avec des relais communautaires. Ils et elles informent la population locale de ce qu’est un acte de naissance, de son utilité, de ses avantages, mais aussi des conséquences (possibles) causées par son absence. Memisa sensibilise également les (futures) mères lors, par exemple, des consultations prénatales, postnatales et des séances de vaccination. Les agents communautaires jouent également un rôle important à cet égard à travers des visites à domicile.

Vous voulez plus d’informations sur le Programme USE au Kongo Central? Lisez notre article: https://memisa.be/fr/appui-au-bien-etre-des-populations-congolaises-avec-le-projet-use/

 

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9 janvier 2024

Appui au bien-être des populations congolaises avec le projet USE

Memisa oeuvre pour l’amélioration de la santé des communautés et le bien-être des populations en RD du Congo dans le cadre du Projet Unis pour la Santé et l’Education (USE). Un projet mis en œuvre par Memisa avec l’appui de l’Union européenne. Ce projet de grande envergure a été lancé il y a près d’un an. Il s’articule autour de plusieurs thématiques. De belles réussites ont déjà été enregistrées en Ituri et au Kongo Central, les deux provinces où le projet est mis en œuvre. Dr. Yves Sossou travaille pour Memisa dans la province du Kongo Central en tant qu’assistant technique international Médecin Santé Publique. Dans cet article, il nous donne un aperçu du projet.

 

Yves Sossou est responsable de la mise en oeuvre du Projet USE dans la province du Kongo Central (RD du Congo)

Une approche multidimensionnelle

Avec le projet USE (Unis pour la Santé et l’Education), Memisa contribue à l’amélioration de la santé et le bien-être de la population congolaise en renforçant le système de santé local. Les bénéficiaires du projet sont les populations des provinces d’intervention du projet, environ 2 000 000 d’habitants de la province de l’Ituri, ainsi que les habitants du Kongo Central, où vivent plus de 500 000 personnes. Ce projet d’envergure est financé par l’Union européenne.

Au Kongo Central, le projet USE est mené dans trois zones de santé. Nous y renforçons le système de santé local grâce à un soutien technique et financier. Par exemple, des stages sont organisés pour les professionnels de la santé, ce qui leur permet d’affiner leurs connaissances et leurs expériences pratiques.

Ainsi, des médecins suivent un stage dans un autre hôpital pour y acquérir une expertise technique. A leur retour dans leur hôpital d’origine, ces médecins peuvent désormer traiter des patients qu’ils ne pouvaient pas soigner dans le passé. Un médecin témoigne :

«  Je suis fier de pouvoir maintenant contribuer à sauver des vies et à donner le sourire à mes patients. » «  Dr Padou Luwawu Kiangebeni

Le projet accorde une importance particulière à la gestion efficace et efficiente des médicaments. Cet aspect est essentiel pour améliorer la qualité des soins. « Memisa appuie les différentes zones de santé dans la gestion des médicaments. L’obejctif est de distribuer les médicaments vers les différents centres de santé de manière efficiente », explique Yves Sossou. Memisa soutient par exemple la CAAMEKI, le centre de distribution régionale des médicaments du Kongo Central. Des tables rondes d’échanges sur la gestion des médicaments ont également été organisées, au cours desquelles des informations ont été partagées sur les difficultés, les défis et les approches de solutions en matière de gestion des médicaments.

 

Le thème de la gestion efficiente des médicaments est au coeur du projet USE

L’importance de l’enregistrement des naissances 

En RD du Congo, l’enregistrement des naissances est un des droits de l’enfant, inscrit dans la loi sur la protection de l’enfance. L’enregistrement des naissances est déterminant pour la santé des populations. En effet, si la naissance d’un enfant n’est pas enregistrée, cela nuit à son accès aux soins de santé. Il est donc important que les parents fassent cette démarche dans les 90 jours qui suivent la naissance de leur enfant. Après ces 90 jours, l’enregistrement de la naissance est toujours possible, mais relativement coûteux.

En matière d’enregistrement des naissances (et donc des droits correspondants de l’enfant) en RD du Congo, et plus particulièrement dans la province du Kongo Central, la situation est préoccupante. Dans un centre de santé test, seulement 31% des naissances étaient enregistrées, avant l’intervention de Memisa. Cela signifie que plus de deux tiers des enfants n’ont pas de document d’état civil. Cela met en péril leur citoyenneté.

« Grâce à l’appui de Memisa, le taux d’enregistrement des naissances dans ce centre de santé, est passé à 61 %, ce qui est très encourageant et prometteur« , explique Dr. Sossou. C’est loin d’être parfait, mais c’est une amélioration significative. Cela est dû en partie à l’introduction d’un formulaire de procuration pour les naissances à la maternité. Les prestataires de soins remettent eux-même ce formulaire à l’état civil. Les parents reçoivent ensuite les actes de naissance, quelques semaines plus tard, sans avoir mené eux-mêmes les démarches administratives.

 

Disposer d’un acte de naissance est crucial pour l’avenir des enfants

L’introduction du dossier familial

L’introduction du dossier familial améliore également la situation sanitaire de la population. Ce dossier comprend les informations relatives à la santé pour chaque membre de la famille. Ces données sont conservées sur papier ou sous forme numérique. « Avec un tel dossier familial, la situation sanitaire des membres de la famille est toujours mise à jour et le personnel médical a une meilleure connaissance de l’état de santé du patient », explique Dr. Sossou.

Le dossier familial permet une connaissance approfondie des situations familiales et, par conséquent, une prise en charge globale de chaque membre de la famille. L’existence d’un dossier familial améliore l’accès à des soins de qualité et est une situation gagnant-gagnant pour l’ensemble de la société.

Un projet couronné de succès

Un certain nombre de succès ont déjà été obtenus dans le cadre du projet USE. Le projet a démarré début 2023 et se poursuit jusqu’en juin 2024.

Outre l’augmentation des enregistrements de naissances, un nouveau « contrat social » entre les centres de santé et la population, une gestion plus efficace des médicaments et une meilleure expertise des médecins grâce aux stages, le projet USE améliore la santé de la population en général. Des centaines de femmes bénéficient d’une meilleure prise en charge gynécologique, d’un accès à des interventions chirurgicales de qualité et d’une réduction des infections post-opératoires dans les hôpitaux.

La formation, l’appui à la gestion des médicaments, la facilitation de l’enregistrement des naissances et l’introduction du livret de famille améliorent l’accès à des soins de santé de qualité au Kongo Central.

 

Dans la zone de Kisantu (Kongo Central) Memisa soutient les soins de santé pour les femmes et les enfants.

 

Gardez un œil sur nos réseaux sociaux dans les semaines et les mois à venir pour en savoir plus sur l’avancement du projet USE. 

 

 

 

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2 janvier 2024

Article d’opinion: La justice climatique, c’est aussi l’accès aux soins de santé de qualité

Nous savons tous aujourd’hui que le changement climatique ne se limite pas à une crise écologique. Il est également à l’origine de crises sanitaires et a des conséquences désastreuses sur la santé publique mondiale, et sur les d’accès aux soins médicaux. En tant qu’employé de Memisa, je considère qu’il est de mon devoir d’attirer l’attention sur ce thème.

 

En RD du Congo, les centres de santé sont difficilement accessibles

La justice climatique, fait, à raison, couler beaucoup d’encre. Il est important de souligner, et je le fais à nouveau, que la crise climatique n’affecte pas tout le monde de la même manière. Les pays du Sud Global, à plus faible revenu, sont touchés de manière disproportionnée par le changement climatique, même s’ils y ont le moins contribué. À cela s’ajoute le fait que des milliards de personnes dans le monde – dont la plupart vivent dans les pays du Sud – n’ont pas accès aux soins de santé ou n’y ont qu’un accès insuffisant. Ces deux inégalités se renforcent mutuellement.

Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), le changement climatique constitue la plus grande menace pour la santé des populations dans le monde. Le changement climatique pourrait remettre en cause des décennies de progrès dans le domaine de la santé mondiale. « Sans soutien extérieur, ce sont les systèmes de santé fragiles des pays à faible revenu qui seront les moins à même de faire face aux effets du changement climatique », a déclaré Ishmael Nyasulu (OMS, 2023).

Chez Memisa, nous travaillons chaque jour pour améliorer l’accès et la qualité des soins de santé dans nos pays partenaires, avec une attention particulière pour les plus vulnérables (les femmes enceintes et les jeunes enfants en particulier). Chaque jour, des centaines de femmes meurent des suites d’une grossesse ou d’un accouchement. En République Démocratique du Congo, pays où Memisa est présente, plus de 500 femmes meurent en moyenne pour 100 000 naissances enregistrées (Banque mondiale). C’est 75 fois plus qu’en Belgique (Statbel, 2023).

Accès aux soins de santé

Si l’accès à des soins de santé de qualité est une évidence en Belgique, il n’en est pas de même pour les habitants de nos pays partenaires. Le système de santé des pays dans lesquels Memisa intervient est loin d’être accessible aux personnes en situation de vulnérabilité. Comme nous l’avons vu plus haut, les taux de mortalité maternelle et infantile y sont encore beaucoup trop élevés. Et le changement climatique renforce ces tendances.

L’impact du changement climatique sur les soins de santé prend des proportions désastreuses. Le réchauffement de la planète est à l’origine d’un nombre croissant de problèmes de santé et complique l’accès à des soins de santé de qualité.

En raison du changement climatique et de ses conséquences directes et indirectes, de nombreux problèmes de santé surviennent plus fréquemment chez les femmes enceintes et les jeunes enfants. Par exemple, le nombre de maladies infectieuses augmente. Les grossesses chez les femmes deviennent plus difficiles sous les fortes températures. De plus, les enfants sont davantage exposés à la malnutrition chronique en raison de l’insécurité alimentaire croissante. Ce ne sont que quelques conséquences, parmi une longue liste d’autres effets néfastes du changement climatique sur la santé publique.

Par ailleurs, la crise climatique complique également l’accès à des soins de santé de qualité. Les systèmes de santé locaux sont durement touchés par les effets du changement climatique. Les constructions et infrastructures de soins, fragiles, sont les premières à tomber lors de catastrophes climatiques. Pensez aussi à l’accessibilité des hôpitaux et des centres de santé. Les inondations rendent les routes impraticables, empêchant par exemple les femmes enceintes d’atteindre le centre de santé à temps.

 

Il est de plus en plus difficile d’accéder aux centres de santé, lorsque des routes sont détruites par des catastrophes climatiques (Photo: RD Congo)

Le changement climatique impacte des millions de personnes – déjà –  vulnérables. Les enfants d’aujourd’hui, mais aussi leurs descendants. La justice climatique exige que le secteur de la santé agisse  sur l’atténuation, c’est-à-dire sur la réduction des émissions afin que le problème du changement climatique ne s’aggrave pas. Il est également primordial de travailler sur l’adaptation des systèmes de santé locaux aux effets du changement climatique, afin d’en minimiser les impacts.

En tant qu’ONG, Memisa aide les structures de santé à s’organiser pour mieux faire face aux effets du changement climatique. La construction de nouveaux centres de santé se fait ainsi dans des endroits où le risque d’inondation est plus faible qu’ailleurs.

En outre, les ONG ont la responsabilité de réduire leurs émissions de CO2 dans le cadre de leurs activités, afin de contribuer le moins possible au problème du changement climatique. Mais il est également important que les ONG encouragent les acteurs belges à agir, afin que nous prenions également nos responsabilités en Belgique. Par ailleurs, il est essentiel de réfléchir à la manière dont le secteur peut agir face aux conséquences du changement climatique sur le terrain. « Comment pouvons-nous rendre les systèmes de santé locaux plus résilients et résistants aux impacts du changement climatique ? ». Une question qui devient de plus en plus pertinente pour les ONG médicales telles que Memisa.

Lutter contre l’injustice climatique

Nous avons pleinement soutenu la campagne de 11.11.11 de 2023, dont le thème était l’injustice climatique. En tant qu’ONG de solidarité internationale, nous pensons qu’il est important de se joindre à la lutte contre l’injustice climatique. Car si nous n’agissons pas collectivement, la crise climatique risque de provoquer une crise sanitaire encore plus grave pour les populations du Sud, pour lesquelles nous travaillons tous les jours.

À terme, le changement climatique menace notre santé à tous. L’injustice climatique n’est plus une réalité lointaine, comme le pensent encore trop de personnes. L’impact de la crise climatique sur la santé et les soins est réel, en Belgique également. Il n’est pas inconcevable que l’accès aux soins de santé devienne plus difficile pour nous aussi, dans les pays occidentaux, comme pour les femmes enceintes en RD du Congo. Que se passerait-il si, en Belgique aussi, les femmes enceintes ne pouvaient pas se rendre à l’hôpital car les inondations ont rendu les routes impraticables ? Quelle importance accorderions-nous alors à la lutte contre l’injustice climatique ?

Memisa espère que des politiques climatiques plus équitables seront mises en œuvre de toute urgence afin que les populations vulnérables du Sud aient un accès à des soins de santé de qualité. L’inégalité d’accès aux soins de santé dans le monde ne fera que s’aggraver à mesure que le changement climatique se poursuivra. Le secteur de la solidarité internationale s’associe donc à la recherche de solutions transversales et commence à travailler sur cette question cruciale.

Car c’est ensemble que nous pourrons élaborer de manière constructive des solutions pour que les systèmes de santé locaux des pays du Sud puissent mieux s’armer contre les conséquences du changement climatique.

Thibaut Verhaeghe – Communication Officer chez Memisa

Cet article d’opinion a également été publié dans MO Magazine: https://www.mo.be/opinie/klimaatrechtvaardigheid-gaat-ook-over-de-toegang-tot-kwaliteitsvolle-gezondheidszorg

 

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12 décembre 2023

Des soins de santé de qualité pour les enfants de Bokonzi (RD du Congo)

Beaucoup d’enfants dans le monde ne bénéficient pas des soins de santé auxquels ils ont pourtant droit. C’est le cas dans la zone de santé de Bokonzi, en RD Congo où vivent 283.872 habitants.

Un accès limité aux soins de santé pédiatriques

S’il nous semble normal que chaque hôpital en Belgique dispose d’un service pédiatrique de qualité, ce n’est pas toujours le cas en RD du Congo. Dans ce pays, la plupart des enfants n’a pas accès aux soins de santé.  Pourtant, tous les enfants ont droit à la santé, qui est un droit fondamental.

Dans l’hôpital de Bokonzi, au nord-ouest de la RD du Congo, le service de pédiatrie est trop petit pour accueillir tous les enfants malades et le personnel formé se compte sur les doigts d’une main. Le service de pédiatrie est composé de 8 lits. 3 infirmiers seulement se relaient 7 jours sur 7 et 24h sur 24 pour soigner leurs petits patients. En outre, le matériel médical adapté et les médicaments font défaut.

“Avec tous les enfants qui arrivent à l’hôpital, nous sommes parfois débordés par manque de place. Nos lits sont souvent tous occu­pés. De plus, nous ne disposons pas de certains équipements nécessaires, comme des tensiomètres, des stéthos­copes et des machines à oxygène”. Lydie, cheffe du service de pédiatrie à l’hôpital de Bokonzi (RD du Congo)

La malnutrition, à l’origine de nombreux problèmes de santé chez les enfants

 

A Bokonzi, la malnutrition chronique touche de nombreux enfants. Près de la moitié des enfants qui arrivent au service des urgences souffrent de malnutrition sévère. En cause : l’accès limité à l’eau potable et le manque de nourriture de qualité. Cela cause des diarrhées fréquentes chez les enfants. D’autres pathologies courantes chez les enfants à Bokonzi sont  l’anémie, l’insuffisance rénale, les maladies pulmonaires et le paludisme.

Construction et équipement d’un nouveau service de pédiatrie

Memisa et ses partenaires locaux souhaitent améliorer la qualité de la pédiatrie dans la région de Bokonzi.

La construction d’un nouveau bâtiment a débuté avec les moyens locaux. Memisa appuie cette initiative locale pour finaliser les travaux et, en priorité, achever la construction d’un bâtiment de pédiatrie séparé. Nous achetons également des lits supplémentaires pour permettre à chaque enfant hospitalisé de disposer de son propre lit.

Nous nous assurons en outre que les infirmières disposent de suffisamment de matériel et d’équipements. Nous dotons ainsi l’hôpital en kits de pédiatrie (dont des stéthoscopes, tensiomètres et appareils à oxygène).

“Nous avons besoin urgemment d’équipements et de médicaments pour mieux prendre en charge les enfants. Une meilleure alimentation électrique serait également bienvenue, pour nous permettre d’utiliser les appareils électriques à tout moment” Dr. Benjamin Mabe, directeur médical de l’hôpital à Bokonzi (RD Congo).

Que fait Memisa pour la santé des enfants ?  

En plus de la construction et de la rénovation de services de pédiatrie en RD du Congo, Memisa investit également dans la formation du personnel de santé. Il est en effet essentiel d’apporter des soins spécifiques aux plus petits. Ainsi, des formations en soins d’urgence pédiatriques sont organisées. Permettre aux prestataires de de soins se former de manière continue, c’est également agir sur leur motivation et réduire le turn-over du personnel.

Beaucoup de pathologies pédiatriques sont liées à la malnutrition. C’est pour cette raison que Memisa organise avec le per­sonnel médical des ateliers pour la popu­lation locale. Les parents y apprennent des recettes à base d’aliments locaux et frais pour nourrir leurs enfants.

Les actions de Memisa dans la communauté ont un réel impact

Grâce à Memisa et ses partenaires locaux, les enfants ont enfin droit aux soins qu’ils méritent. Au fil du temps, le soutien de Memisa à la pédiatrie en RD Congo contribue à l’épanouissement d’une population en meilleure santé, plus productive et plus résistante. Les parents et les autres membres de la famille sont heureux que leurs enfants soient soignés dans de bonnes conditions.

 

Pouvons-nous compter sur vous pour contribuer à l’amélioration des conditions de prise en charge des enfants à Bokonzi ?  

FAITES UN DON À MEMISA

ET SOUTENEZ LA CONSTRUCTION ET L’ÉQUIPEMENT D’UN SERVICE DE PÉDIATRIE À BOKONZI, POUR DES ENFANTS EN MEILLEURE SANTÉ !  

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6 novembre 2023

Les soins de santé comme rempart à la crise climatique en RD Congo

L’accès aux soins de santé de qualité est indispensable pour permettre aux communautés de résister aux conséquences du changement climatique, en particulier dans les pays du Sud.

« Le changement climatique touche le continent africain de manière disproportionnée », déclare Petteri Taalas, secrétaire général de l’Organisation météorologique mondiale (OMM). « Les chaleurs extrêmes, les sécheresses et les inondations toucheront plus de 118 millions de personnes en Afrique d’ici à 2030 si nous ne prenons rapidement aucune mesure. »

Ce ne sont pas des paroles en l’air. En mai 2023, par exemple, le Kivu (RD Congo) a été frappée par de fortes pluies torrentielles qui ont-elles-même provoqué des éboulements, des inondations et des coulées de boue dévastatrices. Des villages entiers ont été anéantis.

Les conséquences ont été accablantes. Janvier (48 ans) est agriculteur dans le centre d Bushushu (Kivu). Il témoigne : « Je n’ai plus rien. Mes deux chèvres ont disparu, mes champs ont été détruits. Je porte les mêmes vêtements que je portais lorsque les inondations m’ont surpris. C’est tout ce qu’il me reste. »

Cette catastrophe naturelle a touché plus de 20 000 personnes. 428 d’entre elles sont mortes, souvent disparues dans les décombres ou emportées par des coulées de boue.

« Je n’ai plus rien. Mes deux chèvres ont disparu, mes champs ont été détruits. Je porte les mêmes vêtements que je portais lorsque les inondations m’ont surpris. C’est tout ce qu’il me reste. » Janvier, agriculteur.

L’Afrique injustement touchée par la crise climatique

Memisa travaille depuis de nombreuses années avec Action D’Espoir (ADE) au Sud-Kivu. Les deux organisations ont donc immédiatement cherché à porter secours aux survivant.e.s de la catastrophe. 105 abris d’urgence ont été rapidement construits, pour accueillir 677 personnes déplacées. 100 adolescentes et femmes ont également reçu des kits d’hygiène. Cette aide est cruciale pour la population, mais ne constitue cependant pas une solution à long terme.

La crise climatique ne fait que débuter. Les experts prédisent encore plus de catastrophes naturelles sur le continent africain dans le futur. Mais il n’est pas trop tard pour inverser la tendance. Memisa œuvre pour l’accès et la qualité des soins de santé en Afrique. Car, en cas de catastrophe naturelle, il est important que les systèmes de santés et les populations soient résilientes.

Ne croyez pas que cet objectif est irréaliste ! La résilience proviendra d’investissements dans les infrastructures sanitaires, les routes, les médicaments, la formation continue, le matériel, l’accès à l’électricité, à l’eau et aux transports. Des activités soutenues par Memisa, avec une attention portée aux solutions durables et respectueuses de l’environnement. Par exemple, l’achat de panneaux solaires et des vélos dans la zone de santé de Katako Kombe (RD Congo) pour améliorer la qualité des soins dans cette zone rurale isolée. (lien vers A Katako Kombe, un grand projet pour 9 centres de santé – Memisa)

 

Cet article a initialement été publié sur le site de 11.11.11. Memisa est membre de 11.11.11. Nous nous engageons activement dans la campagne 2023 de 11.11.11, ayant pour thématique « La justice climatique ».  Pour plus d’informations, consultez leur site : Internationale Solidariteit | 11.11.11

 

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30 octobre 2023

« Nous devons continuer à sensibiliser la population locale à la santé mentale »

En RD Congo , comme dans beaucoup d’autres pays, y compris occidentaux, il existe un grand tabou autour des patient.e.s souffrant de problèmes mentaux. Les souffrances  mentales ne sont pas considérées comme des problèmes de santé à part entière. Pour remédier à ce problème, Memisa travaille en RD Congo avec des partenaires locaux pour intégrer la santé mentale dans le système de santé. C’est notamment le cas à Mangembo, dans l’ouest de la RD Congo. Memisa et les équipes locales y aident les personnes vulnérables sur le plan mental, avec l’appui de « l’Abbé » Marc, un prêtre belge qui vit à Mangembo depuis de nombreuses années.

Memisa intègre les soins de santé mentale à l’hôpital de Mangembo

Les Congolais.ses sont confronté.e.s au quotidien à de nombreux défis, ce qui entraîne inévitablement des souffrances psychologiques . La malnutrition, la maladie, le chômage, le manque de sommeil, la sexualité, etc., ont en effet un impact important sur la santé mentale de la population locale.  La santé mentale est ainsi l’un des plus grands défis du pays en matière de santé.

Les problèmes mentaux ne sont pas pris au sérieux

E n République Démocratique du Congo, les personnes souffrant de problèmes de santé mentale sont souvent confrontées à la discrimination, à la stigmatisation et à des violations de leurs droits humains. De nombreuses personnes nécessitant de l’aide n’ont pas accès aux soins de santé. « En raison du tabou qui entoure la détresse mentale, beaucoup de personnes sont abandonnées à leur sort. Parfois, elles sont exclues de leur communauté. Souvent, elles n’ont même pas la chance d’aller dans un centre de santé ou un hôpital, car elles ne sont pas prises au sérieux par leur famille », explique Marc.

Le prêtre  belge s’est rendu au Congo en 2010. Il soutient des projets de développement dans la région et de se met à disposition en tant que pasteur . De plus, Marc souhaite aussi lutter contre la discrimination vécue par les personnes en souffrance mentale.  Cette volonté fait écho à sa profonde conviction qu’il faut venir en aide aux plus vulnérables de la société.  « Ce sont ces personnes qui sont les plus discriminées dans la société congolaise. Sur le plan social, ces patient.e.s sont complètement isolé.e.s« , explique Marc.

Les Amis de Mangembo

En Belgique, Marc a créé il y a quelques années l’association sans but lucratif « Les Amis de Mangembo ». En plus de sensibiliser la population, Marc peut compter sur de nombreux.ses bénévoles en Belgique, dont d’ancien.ne.s médecins, qui partagent leurs connaissances avec lui. Il collecte également des fonds qui sont utilisés pour financer à la fois des médicaments et des formations pour le personnel de santé. Grâce à son expérience sur le terrain, Marc a identifié le besoin d’intégrer la santé mentale dans le système des soins de santé.

Le soutien de Memisa et des « Amis de Mangembo » permet à la santé mentale d’être intégrée dans le système de santé local depuis plusieurs années, en collaboration avec les autorités sanitaires locales. Outre les soins maternels, l’intégration des soins de santé mentale est la priorité du programme quinquennal de Memisa dans l’ouest de la RDC.

À Mangembo, en collaboration avec des partenaires locaux et Marc, Memisa lutte contre le tabou qui existe autour de ce problème. En tant que pasteur, Marc agit comme intermédiaire dans la zone de santé de Mangembo, en essayant de créer un lien entre les patient.e.s, les familles et les centres de santé. « Une première étape consiste à expliquer à la fois aux patient.e.s et aux membres de la famille que les problèmes mentaux sont bel et bien des problèmes de santé graves. » Tout comme en Occident, les problèmes de santé mentale dans la région ne sont souvent pas pris au sérieux.

Solutions et défis

La plupart des gens ne sont pas conscients que les vulnérabilités mentales sont des problèmes de santé à part entière qui peuvent être résolus par un traitement et des médicaments. Marc sensibilise les gens et les encourage à se rendre au centre de santé ou à au moins essayer des médicaments lorsque c’est nécessaire.  « Dans presque tous les cas, un traitement médicamenteux est efficace », explique Marc. « J’essaie d’expliquer aux gens qu’ils ne doivent pas seulement prier, mais qu’ils doivent également se rendre dans un centre de santé ou un hôpital. ».

Outre l’aspect culturel et le tabou qui entourent les problèmes de santé mentale, il existe bien sûr d’autres obstacles qui empêchent les gens de recevoir l’aide dont ils ont besoin. Le coût des médicaments est malheureusement très élevé. C’est pourquoi le soutien financier de partenaires comme Memisa est important. En outre, une grande partie du personnel de santé n’est pas ou pas suffisamment au courant de l’importance des soins de santé mentale. « C’est pourquoi la formation du personnel de santé local sur ce problème est également primordiale », déclare Marc.

La collaboration avec le pasteur Marc est essentielle, car il est en contact direct avec la population congolaise. Il insiste sur la nécessité de sensibiliser la population locale, afin de briser le tabou existant. Et comme les problèmes de santé mentale sont mal connus de la population locale, il est important d’être en contact direct avec elle. « Lorsque nous voulons changer la mentalité des gens, il est important d’avoir une relation personnelle avec eux. Les sensibiliser de manière correcte reste une priorité », conclut Marc.

En tant qu’organisation non gouvernementale (ONG) médicale, Memisa lutte pour l’accès à des soins de santé de qualité pour tous. Cela inclut les soins de santé mentale. Memisa considère l’intégration des soins de santé mentale dans ses projets comme extrêmement importante. En organisant notamment des formations spécifiques pour le personnel de santé et en sensibilisant la population sur le sujet, Memisa s’engage à apporter sa pierre à l’édifice.

 

 

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16 octobre 2023

Impact du changement climatique sur les soins de santé : conférence en ligne

Memisa, Médecins sans Vacances et Médecins du Monde ont organisé le 19 septembre 2023 un moment d’échange sur les liens entre le changement climatique et les soins de santé. Cette session s’est déroulée dans le cadre du Trajet des Ambassadeurs développé par l’initiative Santé pour Tous. Notre invitée, Dr. Iris Blom, a parlé de l’impact du changement climatique sur les soins de santé dans le monde et a donné quelques conseils aux ONG et aux professionnel.le.s de la santé sur le rôle que le secteur médical peut avoir pour atténuer les effets du changement climatique.

Memisa lutte pour l’accès aux soins de santé de qualité pour toutes et tous. Cette mission, nous la menons notamment en contribuant à la formation du personnel médical et à la réhabilitation des infratructures de santé dans le Sud Global. Nous agissons également en Belgique en défendant le droit à la santé. Ainsi, nous menons en Belgique, en collaboration avec Médecins sans Vacances et Médecins du monde, un programme d’éducation à la citoyenneté mondiale et solidaire.  Via le Trajet des Ambassadeurs, nous aidons les bénévoles de nos 3 organisations à développer leurs compétences pour devenir des véritables acteurs de changement et des porte-paroles de l’accès aux soins de santé pour toutes et tous.

L’injustice climatique affecte les systèmes de santé en Afrique

Pour la première session du trajet des Ambassadeurs de l’année, Iris Blom, docteure à la London School of Hygiene and Tropical Medicine, a abordé la thématique de l’impact du changement climatique sur les systèmes de santé, en particulier en Afrique. Les populations des pays dans lesquels Memisa est active sont touchées de manière disproportionnée par les effets du changement climatique ; les pays et les populations ayant le moins contribué à la crise climatique en subissent pourtant les plus lourdes conséquences. En tant qu’acteur de la coopération internationale, Memisa s’intéresse à cette problématique et réfléchit à la meilleure manière de remédier à cette injustice climatique.

Le changement climatique et ses conséquences (directes et indirectes) entraînent des problèmes de santé plus nombreux et plus fréquents. On observe ainsi une hausse du nombre de maladies infectieuses dans le monde, comme la grippe et la maladie à virus Ebola. Le réchauffement climatique impacte également les femmes enceintes : la chaleur extrême peut en effet causer des complications durant les accouchements ou des naissances prématurées. Les populations touchées par le changement climatique sont également victimes d’insécurité alimentaire, entraînant la malnutrition d’un plus grand nombre d’enfants. La santé mentale n’est pas épargnée, notamment celle des jeunes qui sont préoccupés par les dangers et les risques des catastrophes climatiques futures.

La liste des effets négatifs du changement climatique sur la santé est encore longue.

Nécessité d’atténuation et d’adaptation au changement climatique

Aujourd’hui, la plus grande menace pour la santé publique dans le monde est l’incapacité des dirigeants à maintenir l’augmentation des températures sous les 1,5°C. Il est donc urgent de renforcer les mesures d’atténuation, c’est-à-dire de réduire les émissions, pour que les conséquences du changement climatique ne s’aggravent pas. Il est également nécessaire de s’adapter, c’est-à-dire d’adapter les systèmes de santé locaux aux effets du changement climatique afin d’en minimiser les impacts.

En premier lieu, les ONG doivent s’adapter afin de réduire l’impact de leurs interventions sur le changement climatique. Les ONG doivent également prendre position pour que nous prenions nos responsabilités ici, en Belgique. Par ailleurs, il est important de réfléchir à la manière dont le secteur de la coopération internationale peut aider les populations locales à faire face aux impacts du changement climatique. Comment, en tant qu’ONG, pouvons-nous contribuer à rendre les systèmes de santé locaux plus résilients et plus résistants aux effets du changement climatique ?

Dr Iris Blom cite l’exemple du Kenya, où elle-même mène des recherches sur l’impact du changement climatique sur les soins de santé. Le Kenya s’est engagé à rendre son système de santé neutre sur le plan climatique d’ici à 2030. Pour les professionnels de la santé et le personnel des ONG belges, la question essentielle est de savoir quels enseignements pouvons-nosu retirer d’un pays aussi ambitieux que le Kenya. Cet exemple peut être une inspiration pour les pays à revenu élevé, comme la Belgique, sur la manière dont nous pouvons fournir des soins de santé de haute qualité avec moins d’émissions de CO2. Selon Dr Iris Blom, il existe de nombreuses opportunités dans ce domaine.

Il est primordial d’éduquer et de sensibiliser les professionnels de la santé à ces questions. Ils et elles sont en effet des acteurs incontournables de la transition climatique. C’est pourquoi des initiatives telles que le Trajet des Ambasseurs sont importantes. La coopération sur ces questions entre les acteurs de la solidarité internationale est essentielle. Mettons-nous au travail !

 

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