Au Sud-Kivu, la sexualité et la santé reproductive sont taboues. Les jeunes n’ont que peu ou pas accès aux informations ni aux services concernant la contraception, la protection contre les maladies sexuelles transmissibles, la santé maternelle, …
Ce sont pourtant autant de questions importantes. Y répondre, c’est permettre aux futurs adultes de mener une vie sexuelle active et positive, sans souffrance physique ou psychologique.
Notre partenaire Action d’Espoir a, en collaboration avec Memisa, réalisé une enquête auprès de personnes influentes dans la communauté de Miti Murhesa, une zone de santé située au Sud-Kivu.
Plusieurs questions relatives à la vie et à la santé sexuelle et reproductive ont été posées à des prêtres, des enseignant.e.s, des chef.fe.s de clan et de membres de la société civile (jeunes et moins jeunes) actifs dans le domaine de la santé. Le résultat est étonnant. 61% du panel est d’accord avec l’affirmation suivante : « Si une jeune fille tombe enceinte c’est uniquement de sa faute ». Plus de 3 répondants sur 5 (63%) déclarent que les IST se manifestent toujours par des symptômes visibles.
Ainsi, les personnes, hommes et femmes, dont la voix porte au sein de la communauté, et en particulier auprès des jeunes, n’ont pas toujours la connaissance suffisante pour donner de bons conseils en termes de santé sexuelle et reproductive.
Savoir communiquer et répondre aux interrogations des jeunes
L’implication de la communauté, des parents et des leaders religieux, dans les activités de santé sexuelle et reproductive est pourtant capitale. Les aînés sont en première ligne pour briser les tabous et les barrières qui empêchent les jeunes d’accéder à leurs droits sexuels.
C’est pour cela qu’Action d’Espoir et Memisa ont organisé plusieurs formations en santé et droits sexuels et reproductifs auprès des représentants et représentantes de la communauté.
Suite à la formation, les mêmes questions ont été à nouveau posées aux participant.e.s. Après plusieurs jours de discussion et d’apprentissage, les membres de la communauté ont revu leur positionnement.
La quasi-totalité des répondants (99%) n’est plus d’accord avec l’affirmation « lorsqu’une jeune fille tombe enceinte, c’est uniquement de sa faute ». Près de 70% des personnes sont désormais conscientes que l’on peut être porteur d’une IST sans développer de signe visible de l’infection.
Antoine est directeur d’école et également pasteur dans l’église de son quartier. Il est régulièrement en contact avec des adolescent.e.s qui lui posent régulièrement des questions au sujet de la puberté et de la sexualité :
« J’ai appris comment aborder le sujet de la sexualité et des changements corporels avec les adolescents garçons et filles, et leur parler sans honte. Avant, si un jeune me posait des questions, je lui faisais directement des reproches ou des réprimandes. Je pense en fait que j’avais peur. Mais, désormais, je sais comment expliquer chaque chose par son nom. » Antoine, directeur d’une école et pasteur dans une église. »
C’est grâce à des projets tels que la sensibilisation et la formation de la population, et à l’implication de la communauté qu’Action d’Espoir et Memisa contribuent à l’amélioration de l’accès aux soins de santé, dont la santé sexuelle et reproductive à Miti Murhesa. Depuis le début du programme, le taux d’utilisation de méthodes de planification familiale à augmenté de plus de 10%. Le nombre de personnes qui voit un professionnel médical en cas de problème de santé a également bondi de 21% à 45%.
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La santé, c’est l’affaire des professionnels médicaux. Mais la communauté a aussi un rôle important à jouer pour permettre à chacun.e d’accéder à des soins de santé de qualité, en particulier les soins de santé sexuelle et reproductive. Il est primordial d’accompagner ses représentants pour qu’ils et elles permettent aux générations futures de prendre leur santé en main.
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