L’hôpital de Pawa (RD du Congo), soutenu par Memisa et le Groupe Santé CHC , propose des soins gratuits pour les patients qui vivent dans la grande précarité. Ce système solidaire est financé par la vente de produits à la cafétéria de l’hôpital. En RD du Congo, il n’y a pas de système d’assurance santé et très peu de mutuelles. Par conséquent, les patients doivent assumer eux-mêmes l’intégralité de leurs frais médicaux. Malheureusement, les soins et les médicaments restent hors de portée pour les personnes les plus pauvres.
Bénéficier de soins de santé quand on n’a pas les moyens financiers
En RD du Congo, l’Etat ne participe pas au remboursement des soins de santé. Les familles doivent prendre en charge l’intégralité des coûts liés aux soins. Les ménages réfléchissent donc mûrement avant de se rendre au centre de santé ou à l’hôpital. En effet, chaque visite médicale peut avoir des effets catastrophiques sur leur portefeuille. Quand les moyens financiers conditionnent l’accès aux soins, cela a des conséquences préjudiciables sur la santé, comme :
- Le risque de référence tardive. Le malade hésite, et tarde à rencontrer un professionnel de santé. Il était peut-être possible de le prendre facilement en charge il y a quelques mois. Mais aujourd’hui, sa maladie a évolué. Les traitements sont désormais beaucoup plus lourds, voire inexistants.
- Le recours à l’automédication. Outre les erreurs de dosage, le risque de l’automédication est lié à la qualité des médicaments. En effet, beaucoup de pharmacies privées vendent des contrefaçons. Les effets de ces médicaments ne sont pas garantis, et peuvent même être dangereux.
Pour un meilleur accès financier aux soins : Memisa prône la tarification forfaitaire
Pour que chacun ait accès à des soins de santé de qualité, sans obstacle financier, Memisa encourage le système de tarification forfaitaire au sein des structures sanitaires. Le coût des actes médicaux est connu à l’avance, par le patient et est affiché à l’entrée du centre de santé ou de l’hôpital. Cela permet aux familles d’éviter les surprises et de rassembler l’argent nécessaire pour payer les soins. La Zone de santé de Pawa utilise ce type de tarification dans tous les centres de santé ainsi qu’à l’hôpital.
Affichage des tarifs en vigueur à l’hôpital de Pawa
Malheureusement, des patients restent dans l’incapacité de payer leurs soins de santé, malgré la mise en place de ce système.
A Pawa, l’hôpital compte plus de 2 000 dollars de factures impayées par les patients en 2023. Dr. Blaise, le Directeur de l’hôpital, raconte : « Les malades insolvables nous laissent parfois symboliquement des biens comme une radio, une chaise. Ils sont désolés de ne pas pouvoir payer mais nous laissent un petit quelque chose. »
Offrir des soins de santé pour les plus pauvres : la cantine de Pawa
Pour offrir gratuitement des soins médicaux aux personnes qui vivent dans l’extrême pauvreté, l’équipe hospitalière de Pawa a ouvert une cafétéria. L’hôpital reverse une partie des recettes issues de la vente de boissons fraîches dans la caisse de solidarité.
Avec l’appui de Memisa, l’hôpital a acheté un congélateur pour proposer de l’eau et des boissons réfrigérées à la vente. L’hôpital vend ces produits aux visiteurs, aux garde-malades et à la population des environs. Un tiers des recettes est utilisé pour payer les soins de santé des personnes les plus pauvres. Le reste est dédié au renouvellement des stocks et au salaire du personnel de la cafétaria.
L’hôpital et la communauté ont travaillé main dans la main pour déterminer le profil des personnes qui peuvent peut bénéficier de la gratuité. Ensemble, ils ont identifié 3 profils. Il s’agit de :
- Des anciens lépreux mutilés encore assez présents dans la région.
- Des indigents identifiés dans la communauté avec le concours des autorités locales sur base de certains critères : les personnes âgées vivant seules, les orphelins démunis, certaines personnes avec un handicap physique ou mental vivant seul, etc. Chaque village a dressé sa propre liste et l’a remise à l’hôpital.
- Les indigents « temporaires », identifiés à l’hôpital. Le plus souvent, les personnes dont l’hospitalisation dure plusieurs semaines ou mois, rencontrent des difficultés pour honorer le coût de leurs soins. Les comité de direction de l’hôpital discute au cas par cas de la situation des patients avant de leur accorder la gratuité des soins.
Entre janvier et mai 2024, ce projet a permis de prendre en charge 24 personnes en grande précarité, de manière totalement gratuite.