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10 juillet 2023

A Katako Kombe, un grand projet pour 9 centres de santé

La disponibilité d’électricité dans les centres de santé et les hôpitaux est une priorité en RD du Congo, et en particulier dans la zone de santé de Katako Kombe.

Si vous vous rendez dans un centre de santé de Katako après la nuit tombée, vous rencontrerez des infirmiers, au chevet des patients, en train de travailler à l’aide de lampes torches ou de lampes à huile. « Lorsqu’une femme enceinte arrive en pleine nuit, suite à une hémorragie, nous utilisons des lampes traditionnelles qui fonctionnent avec de l’huile de palme et un coton naturel. Ce qui n’est vraiment pas idéal. » raconte Lambert Otaka Lohota, Infimier titulaire au centre de santé de Mende.

La solution la plus durable pour que les structures disposent d’électricité est d’y installer des panneaux solaires. Memisa a initié un grand projet pour équiper 9 centres de santé. Au final, ce sont plus de 83.000 patients potentiels qui seront impactés.

Une batterie solaire pour l’Hôpital Général de Katako Kombe

L’Hôpital de Katako Kombe, lui, fonctionne avec de l’énergie solaire depuis 2016. Cependant, depuis 2022, les batteries ne fonctionnent plus et ne permettent plus d’utiliser le courant la nuit. Quand des urgences de nuit nécessitent l’utilisation d’appareils électriques (radiographie, échographe, etc.), il faut solliciter l’ancien générateur. En plus d’être très polluant, le générateur représente un coût très élevé pour l’hôpital, le prix du carburant dépassant aujourd’hui les trois dollars par litre. Lorsque le carburant vient à manquer, les patients ne peuvent parfois pas être prises en charge.

De nouvelles batteries sont donc nécessaires pour que l’hôpital puisse disposer d’électricité en continu.
« L’année passée, nous avons eu 145 césariennes, principalement pendant la nuit. En cas d’accouchement par césarienne, nous avons besoin de lumière et d’oxygène pour la maman et le bébé. Malheureusement, les batteries ne fonctionnent plus, ce qui complique les conditions d’accueil et de soins des patients. » Pius Omole Wonga, chirurgien à l’HGR de Katako-Kombe.

Des vélos pour faciliter les transports du personnel soignant

En plus de l’achat de panneaux et de batteries, Memisa a pour objectif de doter les centres de santé en vélos. Chaque mois en effet, les infirmiers-ières des centres de santé doivent se rendre au Bureau central de la Zone de santé pour partager les données mensuelles du centre [nombre de consultations prénatales, accouchements, décès et causes, etc.] et réapprovisionner le stock de médicaments et de vaccins. Actuellement, nombreuses sont les infrastructures qui n’ont pas de vélo à disposition, ou des vélos en mauvais état. Le personnel est alors obligé de faire le trajet à pied et de s’absenter pendant une plus longue durée.
Pour les postes de santé, le vélo est également très utile. Le personnel des postes de santé réalise régulièrement des visites à domicile chez les malades chroniques et assure des campagnes de sensibilisation dans les villages.

Où en sommes-nous ? *

En novembre 2022, Memisa a initié une grande collecte pour financer ce projet.

Nous avons acheté les vélos, panneaux solaires et batteries  début 2023.

En juillet 2023, les panneaux et les vélos sont à Kinshasa, en attente de transport vers Katako Kombe. Après un long trajet en bateau (via les fleuves Congo et Kasaï) et en camion qui durera plus de 30 jours, ils seront dotés aux bénéficiaires de Katako.

En décembre 2023, après un long périple, les batteries ont été réceptionnées par le BDOM de Tshumbe et ont été montées à l’hôpital de Katako Kombe.

En janvier 2024, l’électricité est installée dans les centres de santé, comme celui de Kiete, par exemple.

*nous mettons ces informations régulièrement mises à jour au fur et à mesure de l’avancement du projet

Electricité dans un centre de santé, la nuit (Katako Kombe)

Découvrez  ICI d’autres projets d’électrification des structures sanitaires 

 

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3 juillet 2023

Journée Hôpital pour Hôpital : une journée placée sous la solidarité

La Journée Hôpital pour Hôpital est devenue un grand classique du mois de juin pour les hôpitaux solidaires de Belgique. Chaque année, les volontaires du réseau Hôpital pour Hôpital se retrouvent pour écouter différents acteurs de la coopération et échanger au sujet de leur engagement.

Renforcement du système de santé en contexte fragile

Renforcer les systèmes de santé dans un contexte de fragilité, ainsi pourrait être résumée en quelques mots la mission de Memisa. Houssynatou Sy, chercheuse à l’Institut de Médecine Tropicale, nous invite à réfléchir à ce que signifie la coopération (et la coopération médicale en particulier) dans de tels contextes dits « fragiles » et pose les conditions pour une action légitime : un dialogue renforcé entre les organisations et les acteurs, une adaptation continuelle au contexte, une relation de confiance forte avec les partenaires et les bénéficiaires sont ainsi quelques pistes à aborder pour renforcer l’impact positif de notre action.

Elle souligne également l’importance du renforcement de la bonne gouvernance pour un meilleur système de santé et prend le public à partie : « En tant que personnel de santé vous n’êtes pas que des gens qui soignent, vous êtes aussi des acteurs politiques, vous pouvez changer le système de gouvernance ».

Améliorer le dialogue, c’est justement ce que Memisa souhaite développer dans le cadre de son nouveau programme quinquennal. Jean-Clovis Kalobu, collaborations Development Officer et ancien Conseiller Médical pour Memisa à Kinshasa, revient sur la stratégie développée par Memisa pour impliquer davantage les parties prenantes et les acteurs de la Zone de Santé dans l’expression des besoins et favoriser l’appropriation et la pérennité des activités planifiées. Dès 2023, toutes les activités réalisées dans les zones de santé jumelées aux hôpitaux belges et co-financées par eux dans le cadre du projet Hôpital pour Hôpital auront été identifiées sur base de cette stratégie.

Voyages d’immersion

Début 2023, plusieurs volontaires du réseau HPH ont eu l’opportunité de se rendre en RD du Congo pour découvrir comment les soins étaient organisés dans les zones de santé. Klaas en Else de Vitaz (Sint-Niklaas), Isabelle et Camille du Groupe Santé CHC Liège témoignent de leur expérience avec les autres membres du réseau. Les voyages d’immersion sont l’occasion de rencontrer des collègues congolais et de se familiariser au système de santé dans les zones rurales. Au retour, ces voyages sont l’occasion unique pour les volontaires de sensibiliser leurs collègues en Belgique, leurs patients et leurs familles aux inégalités d’accès aux soins de santé dans le monde.

Des voyages en RD du Congo, Sabine Van de Vyver, sage-femme à l’hôpital de Deinze, en a réalisé plus d’un ! Après 30 ans d’allers et retours en RDC, elle a complié ses réflexions et ses expériences dans un livre « Moeders in Afrika » dont elle nous a fait l’honneur de lire quelques passages.

« Ibangu, ma collègue sage-femme congolaise, m’a réchauffé le cœur avec sa façon de chanter et de danser pour encourager les jeunes mères à prendre soin d’elles-mêmes et de leurs bébés. J’ai souvent été déchirée entre l’espoir et le désespoir, la douleur, la joie et la tristesse, mais la force avec laquelle les médecins, les infirmières et les sages-femmes prodiguent des soins avec des équipements et des ressources bien trop limités m’inspirera toujours. »

Moeders in Afrika - bookcover

 

Hôpital pour Hôpital

L’initiative Hôpital pour Hôpital met en relation des hôpitaux en Belgique et des structures de santé en RD du Congo. Les hôpitaux belges s’engagent à sensibiliser leur personnel et leurs patients aux inégalités liées aux soins de santé ainsi qu’à soutenir des projets mis en œuvre par Memisa dans les structures de santé jumelées.

Plus d’informations

 

 

 

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26 mai 2023

Notre partenaire Action d’Espoir sur le terrain après les inondations dévastatrices à Kalehe

Le 4 mai dernier, des coulées de boues ont emporté une grande partie des villages de Bushushu et Nyamukubi dans le territoire de Kalehe (Sud-Kivu). Le bilan est lourd : plus de 400 morts, 5000 disparus et des milliers de sinistrés (UN, 2023).
Action d’Espoir est le partenaire de Memisa au Sud-Kivu. Cette organisation sans but lucratif cherche à contribuer à la restauration des forces sociocommunautaires et économiques des personnes survivantes des crises diverses, partout où elle conduit ses activités. Ce mandat se traduit aussi en appui pour la promotion de la santé pour tous et en assistance humanitaire d’urgence en cas de calamités, dans l’objectif de soulager les victimes les plus vulnérables et leur permettre de rejoindre une phase de stabilité.
Marie-Noël Cikuru, Directrice d’Action d’Espoir, s’est rendue à Nyamukubi pour aller à la rencontre des habitants. Elle nous partage avec beaucoup de respect et d’empathie les notes prises durant sa visite.

 

Nyamukubi, 10 mai 2023, il est presque midi. Nous venons d’accoster, je m’élance du haut de la pirogue motorisée (il faut faire un bond jusqu’au sol pour en sortir) comme tous les autres passagers, et très vite, je suis sur la voie principale. C’était une route jusqu’il y a une semaine. C’est ici que passaient les véhicules pour relier les différents villages, et même les villes de Bukavu et de Goma. Je veux sentir l’air du lieu après la catastrophe survenue le soir du 04 mai 2023. Le lac reste la seule voie d’accès pour le moment. Depuis tous ces évènements, 6 jours sont passés, et le cauchemar dure.

A Nyamukubi, les eaux ont tout balayé au passage

Je salue, je passe les condoléances, je m’arrête pour échanger quelques mots. Un groupe de femmes, debout, au pied d’un manguier tout au bord de la route. Leur regard doux et aimable m’invite. Je demande ce qu’elles font là. « Rien ! répondent-elles à l’unisson. Nous tuons le temps. C’est pour ne pas rester seule à la maison. » Elles sont 4. Il faut dire que la route est remplie des gens qui vont et viennent, les locaux mêlés aux autres qui débarquent ou arrivent des villages voisins. Chacun avec sa mission, ses raisons. Parmi eux des « humanitaires » qui viennent pour évaluer les dégâts en vue d’une riposte.

L’une des femmes prend la parole et désigne tour à tour les autres. « Voyez-vous, celle-ci, par exemple, a perdu son fils. C’était un directeur d’école primaire. Il est mort avec 7 de ses enseignants alors qu’ils étaient en réunion. Tandis que celle-ci a perdu sa fille qui faisait la 5e des humanités… » A ces mots, la dame concernée se met à sangloter. Elle murmure quelque chose. Les autres veulent l’en empêcher. Je leur dis de la laisser verser les larmes qui lui viennent. C’est tout à fait naturel. C’est son corps qui exprime la douleur qui vient de son cœur. Et elles commencent à relater les évènements. « Ma fille est partie faire quelques petits achats au marché après l’école. C’est là qu’elle a été surprise par les eaux. Elles n’en est jamais revenue. »

« Ma fille est partie faire quelques petits achats au marché après l’école. C’est là qu’elle a été surprise par les eaux. Elles n’en est jamais revenue»

On trouve plusieurs petits attroupements spontanés de ce genre. Ils commentent sur les évènements. Un papa dans un groupe que je rejoins en marchant impose son analyse et le confirme : « Ce sont les creuseurs miniers qui sont à la base de ces dégâts. Ils dévient les rivières pour avoir de l’eau sur les lieux où ils travaillent. Ils font des barrages avec les eaux qu’ils dévient pour être sûrs d’en avoir pour longtemps, tant qu’ils en auront besoin. Et quand la pluie survient, elle trouve les choses dans cet état. Non seulement les eaux remplissent les trous déjà creusés par eux, mais aussi, elles cassent les barrages et les eaux se frayent un passage. Les rivières ainsi déroutées emportent tout au passage. Et voilà les dégâts ! »

Cette analyse est contredite par d’autres : « Non, c’est la faute à ceux qui coupent les arbres. Ils ne font que rechercher le « makala » (charbon de bois) sans se soucier de la suite. Et les arbres ne sont pas replantés. »

Les sinistrés construisent des abris de fortune

Les sinistrés construisent des abris de fortune

« Une catastrophe d’une telle ampleur n’a jamais été enregistrée ici, poursuit une dame dans le petit groupe. C’est la première du genre. Les catastrophes ne sont plus distancées, alors qu’avant elles laissaient un peu de répit. Les deux dernières sont séparées juste par un mois. La dernière avait eu lieu le 04 avril, mais elle n’avait pas causé autant de dégâts. » Pensez-vous que c’était une pluie ordinaire, celle-là ? – rétorque un homme – il y avait des forces surnaturelles à l’œuvre ! et la preuve : voyez ces grosses pierres ! Des eaux ordinaires ne peuvent pas à elles seules, faire ce que vous voyez là. On dirait qu’il n’a jamais existé ni maison, ni route ici. » C’est alors que je prends la parole aussi, et déjà nous marchons à trois tout en discutant. Je lui dis que les eaux sont puissantes et qu’elles sont capables de telles dégâts lorsque dans leur descente des hauts plateaux elles ne trouvent pas d’obstacle à leur passage. Et que la destruction se fait progressivement dans le temps, si rien n’est fait pour l’arrêter. Déjà en cours de route, quelque temps avant d’arriver à Bushushu, un autre lieu où la catastrophe est survenue, nous avons vu une colline en train de descendre. Et nous nous sommes dit qu’à l’occasion d’une prochaine pluie qui dure quelques heures, le glissement sera complet. Dans cet endroit, les quelques ménages sous menace commençaient à chercher où se réfugier.

« Le temps pour eux s’est arrêté il y a quelques jours»

J’avance avec ces interlocuteurs en m’éloignant progressivement du petit groupe. Je veux en savoir plus sur les deux dont l’aspect dissimule mal leur errance existentielle. Ils voient en moi, sans doute, une aide potentielle. Je leur dit l’objet de ma présence dans le lieu. Ils n’ont pas de peine à me croire. De toute manières, ils ne perdent rien à marcher encore des distances de plus avec l’inconnue que je suis. Le temps pour eux s’est arrêté il y a quelques jours.

J’apprends que l’homme a perdu sa femme et un de ses enfants, le petit dernier, le jour de la catastrophe. Tous les deux exerçaient comme enseignants dans le milieu. « Ma femme enseignait dans cette école. » Il montre du doigt quelque chose qui n’existe plus. « Elle était en réunion avec le directeur et ses collègues. Ils ont tous péri. » (Je me rappelle que j’ai croisé quelques minutes auparavant, dans le premier petit groupe, une dame qui indiquait que son fils qui était directeur d’école avait péri avec 7 de ses enseignants alors qu’ils étaient en pleine réunion). « Nous n’avons jamais retrouvé son corps, dit l’homme, tandis que celui du bébé, nous l’avons identifié parmi les autres. Nous avions l’habitude de laisser les enfants auprès de leur grand-mère maternelle pendant que nous étions à l’école et nous les récupérions le soir en rentrant à la maison. Ce jour-là, ma belle-mère venait de se séparer des trois plus grands (l’aîné a 7 ans), alors qu’elle gardait le tout petit (1 an et demi) attaché au dos. Elle allait fermer la porte de sa maison et quitter aussi. Elle a été surprise par les eaux. Son corps n’a pas été retrouvé alors que celui du bébé qu’elle avait au dos, nous l’avons retrouvé. » L’homme qui parle reste l’ombre de lui-même. Il dit que tout son corps tremble. Il n’arrive pas à dormir depuis les évènements malheureux. Il se sent perdu, seul avec les enfants sans sa femme. Il dit ne pas savoir par quel bout recommencer.

Plusieurs corps, comme celui de la femme de mon interlocuteurs sont encore sous les décombres entassés et recouverts de grosses pierres, difficiles à dégager à la main. A Nyamukubi comme à Bushushu, la présence des corps en décomposition se signale par une odeur fétide lorsqu’on passe à proximité. On ne saura probablement jamais le nombre exact des décès. A la date d’aujourd’hui, 10 mai, on dénombrait quelques 400 corps retrouvés et enterrés. 264 rescapés reçus dans des structures pour les soins. Des informations de bouche à oreille renseignent aussi que des corps ont été retrouvés à Idjwi, une île qui se trouve dans le lac Kivu. La catastrophe est survenue un jeudi, jour de marché à Nyamukubi. Des gens viennent des différents milieux pour vendre ou acheter des produits. Il est donc certain que tous les corps retrouvés ne sont pas nécessairement ceux des habitants du lieu.

A ce jour, aucune aide significative n’a encore été apportée à ces populations. Les rues sont « envahies » par les rescapés, du moins ceux qui ne sont pas hospitalisés. Ils espèrent quelque chose. Ils se mêlent aux visiteurs venus d’ailleurs, dont des parents des disparus venus constater de leurs yeux et pleurer sur les lieux où autrefois, ils rencontraient leurs proches. Depuis la catastrophe, chaque jour voit débarquer des délégations de divers ordres pour s’enquérir de la situation. Certains politiciens ont apporté quelques vivres et matelas. Trop insignifiants pour répondre aux besoins. Nous avons entendu que les sinistrés ont décliné la proposition de délocalisation pour un campement, préférant rester à proximité de chez eux et de la route. Chaque pluie ravive les peurs, mais une solution durable n’est pas de sitôt. L’une des pistes serait d’envisager un reboisement systématique en remontant aux moyens et hauts plateaux.

Marie-Noël Cikuru, mai 2023

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