L’urbanisation rapide nuit aux soins de santé à Gemena

25 / 10 / 2019

Quelle est la meilleure façon d’organiser les soins de santé en milieu urbain ? Comment faire face à l’impact de l’urbanisation sur la santé de la population ? Faut-il adapter nos systèmes de santé existants ? Toutes ces questions ont été débattues la semaine dernière lors de la conférence internationale ‘Taking the Urban Turn’ à Bruxelles. La conférence était organisée par Be-cause Health, une plateforme qui traite des problématiques de santé publique internationale et dont Memisa est membre.

Une évolution à deux vitesses

Durant cette conférence, le Dr Jean-Marie Ipay, coordinateur régional de Memisa à Gemena (RD du Congo) a expliqué avec enthousiasme comment sa ville évolue à deux vitesses. En 2015, la province de l’Equateur a été divisée en cinq nouvelles provinces : Equateur, Mongala, Tshuapa, Nord-Ubangi et Sud-Ubangi, avec Gemena comme capitale. Depuis, de nombreux Congolais ont quitté Budjala, Kungu, Libenge ainsi que les villages et villes environnants pour s’installer à Gemena à la recherche de travail et, dans de nombreux cas, d’une vie meilleure.

« Mais le développement de la ville n’a pas suivi », explique le Dr Ipay. « La population a énormément augmenté et ces nouveaux habitants ont besoin de logement, d’éducation et de soins de santé. En 2015, la ville avait à peine réussi à organiser des soins de santé adéquats pour sa population, alors avec tous les nouveaux arrivants… Au fur et à mesure que la ville s’étend, de plus en plus de personnes vivent dans les banlieues et les villages autour de la ville et n’ont pas les moyens d’aller à l’hôpital en cas d’urgence. »

« Les charlatans jouent avec la santé de la population »

S’est donc créé donc un double parcours : pour répondre à la demande, des soins médicaux sont offerts par des personnes qui n’ont pas reçu la formation adéquate. « Des charlatans qui prescrivent toutes sortes de drogues aux patients, mais sans résultat. Il est important d’éliminer ces charlatans, car ils jouent avec la santé de la population. »

Le Dr Ipay se souvient d’un patient de 60 ans qui avait des problèmes oculaires. Il ne voyait presque plus. « Il a rendu visite à des guérisseurs traditionnels, mais sans résultat. Il voyait de moins en moins bien et, petit à petit, il est devenu complètement dépendant des autres. Il était à la maison toute la journée et sa petite-fille de 5 ans devait l’aider pour qu’il ne trébuche sur rien. Un jour, il a entendu à la radio qu’il pouvait faire tester ses yeux dans un centre de santé proche de chez lui. Il s’est rendu à la consultation et il a reçu les soins adéquats. Quand le pansement a été enlevé et qu’il a pu voir à nouveau, il a pleuré de joie. Non seulement j’ai retrouvé ma vision, mais aussi ma liberté, disait-il. »

Autre continent, même problème

Pour le Dr Ipay, ce fut une révélation que de découvrir pendant la conférence que le cas de Gemena n’est pas unique. « Je savais que d’autres villes vivaient les mêmes problèmes, j’avais déjà entendu parler de Lubumbashi (RD du Congo) par exemple. Mais j’ai trouvé très intéressant d’entendre que New Delhi en Inde ou Villa Nueva au Guatemala connaissent une évolution similaire. Et bien sûr, c’était encore plus intéressant d’entendre comment ils essaient de le résoudre. »

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