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5 août 2024

En Guinée, Memisa lutte contre les violences basées sur le genre

La lutte contre les violences basées sur le genre a connu de nombreux succès l’année dernière grâce à notre programme « Accès aux soins pour les plus vulnérables en Guinée ». Memisa soutient activement l’ONG locale F2DHG (Femmes, Développement et Droits Humains en Guinée) pour prévenir les violences basées sur le genre et offrir un soutien psychologique essentiel aux victimes. Découvrez comment ces initiatives améliorent la vie des plus vulnérables en Guinée.

 

Les victimes de violences basées sur le genre ont droit à un soutien psychologique de qualité

En Guinée, les violences basées sur le genre sont omniprésentes et sont un véritable problème de santé publique. Les mutilations génitales féminines en sont l’exemple le plus courante. Les survivantes de violences sexuelles développent couramment des troubles anxieux, sont sujettes à la dépression et au stress post-traumatique. Il est essentiel qu’elles reçoivent le soutien psychologique adéquat.

Pour Memisa, les violences basées sur le genre représentent, au même titre que la santé mentale, un axe d’intervention prioritaire en Guinée. Nous appuyons nos partenaires locaux, notamment en formant des sages-femmes à la prise en charge psychologique et médicale des survivantes. Nous soutenons également les victimes et leur offrons un soutien psychosocial, médical et juridique.

Dans la préfecture de Télimélé, à l’ouest de la Guinée, Memisa soutient l’ONG locale F2DHG (Femmes, Développement et Droits Humains en Guinée), spécialisée dans les violences basées sur le genre. L’organisation existe grâce à ses bénévoles. F2DHG apporte de l’aide et du soutien psychosocial aux les survivantes de violences basées sur le genre. Par exemple, les bénévoles veillent à ce qu’en cas de viol, l’auteur soit poursuivi et que la victime reçoive l’aide nécessaire.

Des actions concrètes pour des résultats tangibles

Memisa et ses partenaires locaux F2DHG (Femmes, Développement et Droits Humains en Guinée) et FMG (Fraternité Médicale Guinée) ont développé le programme « Accès aux soins pour les plus vulnérables en Guinée ». Nous avons mis en place un plan d’action pour lutter contre les violences basées sur le genre et améliorer la prise en charge des victimes. Entre mai 2023 et avril 2024, des « agents de changement » ont ainsi sillonné la commune urbaine de Télimélé et les municipalités rurales de Tarihoye et Sarékaly.

Les agents de changement joue un rôle important pour la sensibilisation des communautés aux violences basées sur le genre

Les principaux objectifs de ce programme étaient de réduire le nombre de victimes de violences basées sur le genre à Télimélé, de les impliquer dans la lutte contre les violences basées sur le genre au sein de leur communauté, et d’offrir un soutien psychologique et financier aux survivantes.  Ces objectifs en tête, F2DHG et FMG ont réalisé les activités suivantes à Télimélé, Tarihoye et Sarékaly, avec le soutien de Memisa :

• Sessions d’apprentissage

Dans la commune urbaine de Télimélé et dans les communes rurales de Tarihoye et Sarékaly, 19 séances éducatives ont été organisées dans des écoles, des ateliers de couture ou à domicile. Les thèmes abordés étaient variés : violences faites aux femmes, mariages d’enfants et mariages forcés, viol, planification familiale, mutilations génitales féminins, violence domestique,… Au total, 263 personnes ont été sensibilisées, dont 163 filles et femmes.

• Groupes de parole 

A Sarékaly 24 groupes de parole ont été organisés. 388 femmes et filles ont pu y discuter librement de violences basées sur le genre.  Le viol n’est malheureusement pas toujours considéré comme un acte criminel. C’est pourquoi il est primordial de sensibiliser la population sur la gravité des violences basées sur le genre, aussi pour rompre les déséquilibres de pouvoir entre hommes et femmes. Organiser des groupes de parole permet ainsi de lever le tabou sur les violences sexuelles.

La sensibilisation est d’ailleurs le fil conducteur de notre programme.

Le dialogue entre différentes générations est essentiel pour rompre le tabou des violences sexuelles.

Au sein des groupes de parole, les participants sont invités à signaler les cas de viol sur mineurs. Les victimes peuvent ensuite être orientées vers des services de soutien psychologique professionnel. Une jeune femme victime de violence domestique, et qui souhaite rester anonyme, témoigne :

« Lorsque mon mari a voulu m’épouser, il m’a promis que je pourrais poursuivre mes études. Malheureusement, il a refusé de tenir cette promesse après le mariage. J’ai alors fui Conakry et je suis arrivée à Télimélé. J’étais déjà enceinte de son enfant. Mon bébé a maintenant 6 à 7 mois, et mon mari ne prend aucune responsabilité. »

• Dialogue intergénérationnel

Pour briser le tabou autour des violences basées sur le genre, il est également essentiel d’encourager le dialogue entre les générations, des jeunes adolescents aux anciens directeurs d’école. Au total, 14 dialogues intergénérationnels ont été facilités par les « agents de changement » sur des sujets liés aux violences basées sur le genre. 395 personnes ont été touchées, dont 231 filles et femmes.

• Visites à domicile 

Les visites à domicile jouent un rôle crucial dans l’assistance et la sensibilisation autour des violences basées sur le genre. Au cours du programme, 16 visites ont été effectuées. Les victimes et leurs familles expriment une profonde gratitude envers Memisa, FMG et F2DHG pour le soutien psychosocial et financier reçu. Elles témoignent de leur détermination à continuer la lutte contre les violences basées sur le genre.

Les violences basées sur le genre sont un problème de santé publique en Guinée

En 2023, nous avons sensibilisé des centaines de personnes en Guinée à propos des violences basées sur le genre, grâce à notre partenariat avec F2DHG et FMG. Les activités se sont déroulées dans de bonnes conditions et ont porté leurs fruits. Au total, Memisa a pu venir en aide à 1083 personnes, dont 819 femmes.

Après une année couronnée de succès, nous réaffirmons notre engagement à poursuivre ces activités et à maintenir nos partenariats pour le bien-être des survivantes de violences basées sur le genre.

Pour poursuivre la lutte contre les violences basées sur le genre en Guinée, des ressources et du matériel sont nécessaires. Nous comptons sur le soutien de nos donateurs et sympathisants. Pour garantir la continuité du projet soutenu par Memisa avec F2DHG et FMG, nous avons besoin :

De fonds pour payer la prime mensuelle des agents de changement. Ils sont des acteurs clé dans la lutte contre les violences basées sur le genre.

De fonds pour couvrir les frais hospitaliers des filles victimes de violences sexuelles

De vêtements de pluie pour les agents de changement, afin qu’ils puissent affronter les intempéries pendant la saison des pluies.

De vêtements de travail pour les agents de changement, afin d’améliorer leur visibilité. De vêtements de travail pour les agents de changements, afin d’améliorer leur visibilité. 

Faites un don à Memisa et soutenez ainsi les femmes victimes de violences basées sur le genre !

 

 

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24 juillet 2024

Genre et santé : une réussite pour notre programme au Sud-Kivu

Pour qu’elles puissent vivre en bonne santé, les filles doivent pouvoir prendre les décisions qui les concernent et qui concernent leur corps. C’est essentiel. Pendant 2 ans, Memisa a mené un vaste projet d’éducation à la vie relationnelle, affective et sexuelle auprès des adolescents et adolescentes de Miti Murhesa (Sud-Kivu, RD du Congo). Pour que la santé et les droits sexuels et reproductifs soient une réalité pour les jeunes filles et les garçons.

Equipe d'Action d'Espoir (Sud-Kivu) et Memisa 2023

Les équipes de Memisa et Action d’Espoir au Sud-Kivu

La santé sexuelle et reproductive des adolescents et des jeunes est une priorité de santé publique. Il s’agit d’un levier important pour réduire la mortalité maternelle des adolescentes, lutter contre les mariages précoces, les grossesses non désirées, la transmission des infections sexuellement transmissibles, etc.

Un programme d’équité de genre en santé à Mithi Murhesa

Dans la région de Mithi Murhesa (Sud-Kivu) en 2020, aucun médecin ni infirmier n’était formé en matière de services de santé et de droits sexuels et reproductifs. Moins d’1 personne sur 5 utilisait des méthodes contraceptives modernes, et encore moins les jeunes. Memisa et Action d’Espoir ont voulu répondre à ce constat inquiétant. Ensemble avec le financement de l’Etat belge (DGD), nous avons développé un programme ambitieux qui a été mis en œuvre entre 2022 et 2024. Notre objectif : atteindre l’équité de genre en santé à Miti Murhesa, en particulier auprès des jeunes et des adolescents.

Pour ce faire, nous avons identifié 3 leviers d’action : le renforcement des compétences du personnel de santé, la collaboration et le renforcement des associations locales et enfin, la sensibilisation des adolescents et de leurs parents.

1. Renforcer les capacités du personnel de santé en matière de services de santé sexuelle et reproductive

Les professionnels de la santé doivent pouvoir assurer des prestations de qualité en santé sexuelle et reproductive. C’est-à-dire : pouvoir conseiller les jeunes en termes de santé sexuelle, dépister et traiter les infections sexuellement transmissibles (IST), offrir des consultations prénatales de qualité, proposer des méthodes contraceptives adaptées, etc.

En 2 ans, Memisa et Action d’Espoir ont ainsi assuré la formation de 39 prestataires de soins. Nous avons également approvisionné les 25 centres de santé et les hôpitaux de Miti Murhesa en moyens de contraception (préservatifs, pilule contraceptive…) ainsi qu’en dépliants informatifs et en tests de diagnostic rapide (détection de la grossesse, du VIH et de l’hépatite).

2. Collaborer avec les associations communautaires pour garantir l’appropriation du programme

Les aspects de la santé et des droits sexuels et reproductifs se heurtent souvent à un contexte social et culturel, au mieux réticent, au pire franchement défavorable à ces questions. La collaboration avec des associations locales est donc incontournable pour favoriser l’acceptation de ces thématiques au sein des communautés. Il est même primordial d’impliquer certains représentants de la communauté souvent hermétiques à cette approche, comme les leaders traditionnels ou religieux. C’est ce qu’ont fait Action d’Espoir et Memisa à Miti Murhesa, en collaborant avec les « cadres permanents » (voir encadré), dès le début du projet.

Avec les cadres permanents, la communauté prend le contrôle de sa santé

La santé des populations ne concerne pas uniquement les soignants. Les communautés de Miti Murhesa l’ont bien compris. Elles ont créé des espaces d’échange (appelés « cadres permanents ») au sein desquels des représentants de la communauté (chefs de village, directeur.trice d’école, prêtres, personnes issues de la société civile,…) débattent de sujets de santé ou de développement et essaient d’y trouver une solution collective.

Au cours du programme, 436 membres des cadres permanents ont bénéficié de formations sur la santé et les droits sexuels et reproductifs, en particulier sur :

  • Les caractéristiques physiologiques, psychologiques et sociologiques des adolescents
  • Les problèmes de santé sexuelle et reproductive des adolescents
  • La manière dont communiquer et aborder le sujet avec un public jeune.

Forts de leurs nouvelles connaissances, les cadres permanents se sont ensuite mobilisés pour sensibiliser les adolescents et leurs parents aux droits en matière de santé sexuelle et reproductive.

3. Sensibiliser les plus jeunes quant à leurs droits en matière d’équité de genre

Les jeunes filles et les garçons doivent être sensibilisés aux questions liées à la vie relationnelle, affective et sexuelle. Dans le cadre du programme mené par Memisa et Action d’Espoir, plus de 20.000 adolescents ont pu recevoir des informations via :

  • Les visites à domicile des cadres permanents
  • Les sessions d’information et d’éducation au centre de santé, avec les prestataires de soins
  • La diffusion d’émissions de radio
  • Les dépliants d’information disponibles dans les centres de santé
  • La projection de films de sensibilisation dans les centres de santé
  • La création d’ « espaces sûrs» où les jeunes peuvent échanger entre eux en toute confidentialité

Des premiers résultats encourageants et un effet sur le long-terme attendu

Le programme de Memisa et Action d’Espoir a boosté les connaissances, les attitudes et les pratiques des jeunes en termes de santé sexuelle et reproductive. Au terme du programme, plus de 20.000 adolescents ont participé à des séances de sensibilisation. Le nombre de nouvelles utilisatrices de méthodes de planification familiale à Miti Murhesa a également augmenté. Il est passé de 18 à 31%.

Grâce à son ancrage au sein de la communauté, le programme continuera de porter ses fruits sur le long-terme.

La santé sexuelle et reproductive occupe une place très importante dans les projets de Memisa. RD du Congo, en Guinée, en Mauritanie… Si vous souhaitez soutenir nos actions, faites un don sur https://donate.memisa.be/

Soutenez Memisa

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12 juillet 2024

Bien vivre sa ménopause quand on est une femme en RD du Congo

La ménopause touche toutes les femmes, à un moment ou l’autre de leur vie. En RD du Congo le sujet reste souvent tabou, même pour les professionnels de santé. La ménopause impacte pourtant la santé physique et mentale des femmes de manière concrète. Dans le Sud-Ubangi, Memisa organise des journées d’information pour aider les femmes à vivre cette nouvelle période de leur vie de manière sereine.

La ménopause, c’est quoi ?

La ménopause désigne la période de la vie d’une femme associée à la disparition des règles et à l’arrêt définitif de l’ovulation. On parle de ménopause quand une femme n’a connu aucun saignement menstruel pendant une période continue d’au moins 1 an. La ménopause survient avec le vieillissement – souvent vers des 45-55 ans -, suite à une baisse de la production d’œstrogènes par le corps.

L’impact de la ménopause sur la santé physique et mentale

Selon l’OMS, ce changement hormonal peut avoir des conséquences sur le bien-être  physique, émotionnel et mental des femmes [1].

La ménopause est en effet souvent accompagnée par des symptômes qui peuvent être gênants au quotidien. Ces symptômes sont :

  • les bouffées de chaleur
  • les douleurs pendant les rapports sexuels et les sécheresses vaginales
  • l’incontinence
  • les troubles du sommeil
  • les changements d’humeur
  • l’anxiété
  • la prise de poids

De plus, à la ménopause, le risque augmente de développer des pathologies plus graves comme l’ostéoporose ou les maladies cardiovasculaires [2]

Il ne faut pas que la ménopause soit un tabou !

La ménopause est souvent mal comprise et mal considérée par la société. Elle reste associée à l’idée de perte et de déficience. Dans beaucoup de cultures, être une femme ménopausée, ce n’est plus « être une femme ». Comme si le corps fertile était la norme dont la femme non menstruée parvenait à s’échapper [3].

La plupart du temps, les femmes ménopausées se retrouvent seules face à leurs interrogations et à un corps qu’elles ne comprennent plus.

Cependant, la ménopause est un véritable enjeu de santé public. Il est important de bien la comprendre. D’une part pour permettre aux femmes de mieux vivre cette période de leur vie et, d’autre part, pour réduire le risque de maladies associées à la ménopause, comme l’ostéoporose et les maladies cardio-vasculaires.

Des sensibilisations proposées par Memisa dans la province du Sud-Ubangi (RD Congo)

C’est pourquoi Memisa organise des séances d’information sur la ménopause dans les communautés rurales. A Bominenge (dans la province du Sud-Ubangi), 837 femmes ont participé à l’une ou l’autre journée de sensibilisation.

Sensibilisation femmes Bominenge (Sud-Ubangi)

Sensibilisation auprès des « mamans » à Bominenge

Mélanie a 47 ans. Elle a 7 enfants. Depuis plusieurs mois, elle avait remarqué qu’elle était sujette à des sautes d’humeur et à des sécheresses vaginales. Cela a créé des problèmes dans son couple. Elle a participé à une séance de sensibilisation organisée par Memisa et son partenaire sur place, le BDOM Budjala :

« Lorsqu’on m’a expliqué ce qui arrive aux femmes à la veille et à après l’arrêt des règles, j’ai tout de suite fait le lien avec ce que je ressentais ! J’ai mis un mot sur mes symptômes et j’ai appris à mieux les gérer. »

Mélanie a ensuite invité son mari à participer avec elles aux autres séances d’informations. En effet, si la ménopause touche le corps des femmes, elle est aussi une affaire de société et de relations sociales. Mélanie ajoute : « Souvent, les prestataires de soins oublient de s’occuper de nous, les « vieilles mamans. Mais nous aussi on a besoin de s’informer sur notre santé ! ».

En organisant des séances d’information autour de la ménopause, Memisa et le BDOM Budjala agissent pour la santé de toutes les femmes.

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21 mai 2024

Opinion: les violences basées sur le genre dépassent les frontières géographiques et culturelles

Les violences sexistes et sexuelles sont universelles. Elles ne connaissent pas de frontières sociales ou géographiques. Nous devons de toute urgence nous mobiliser contre les violences basées sur le genre, que ce soit en Belgique, en RD du Congo, ou ailleurs dans le monde. C’est ce qu’écrivent dans cet article Anna Salvati et Thibaut Verhaeghe, tous les deux membres du personnel de Memisa. Nos collègues souhaitent ainsi sensibiliser le grand public à cette dure réalité. 

L’inégalité entre les hommes et les femmes, au fondement de la violence basée sur le genre 

La violence fondée sur le genre désigne tout acte préjudiciable à l’encontre d’un individu ou d’un groupe en raison de son identité de genre. Selon l’Institut européen pour l’égalité entre les hommes et les femmes (EIGE), la violence fondée sur le genre est l’une des pires formes que peut prendre l’inégalité entre les hommes et les femmes. Cette violence touche les femmes de manière disproportionnée, car elle est directement liée à la répartition inégale du pouvoir entre les hommes et les femmes (EIGE, 2016).

Les données recueillies montrent que la violence fondée sur le genre est omniprésente. Qu’il s’agisse de viols, de violences domestiques ou de féminicides, les violences basées sur le genre ont une dimension universelle. Elles dépassent les frontières géographiques et sociales. Aucune femme dans le monde ne peut être certaine d’échapper à cette forme de violence. Selon ONU Femmes, 1 femme sur 3 dans le monde a subi des violences physiques ou sexuelles à un moment ou à un autre de sa vie (OMS, 2018).

La violence basée sur le genre se manifeste partout. Elle peut toucher n’importe qui, à n’importe quel moment, indépendamment de la culture, de la langue, de l’appartenance ethnique ou de la religion. À la maison, sur le lieu de travail, dans les zones de conflit, dans les camps de réfugiés… Le viol, par exemple, ne se produit pas seulement dans les régions où l’insécurité, la pauvreté ou l’exploitation économique affectent la population, comme dans l’est de la RD du Congo. Même dans les régions les plus prospères du monde, la violence sexiste et sexuelle n’est pas une exception. En Italie, en 2023, 103 femmes ont été assassinées en raison de leur sexe, selon les chiffres de l’Observatoire national du féminicide en Italie.

Violence sexuelle: une souffrance mentale et physique

La violence sexuelle est une forme de violence fondée sur le genre. Elle constitue une expérience traumatisante et entraîne de profondes blessures psychologiques ainsi qu’un sentiment de honte. Une atteinte à notre intimité provoque un sentiment indescriptible d’humiliation et souvent de honte. L’impact de la violence sexuelle sur le bien-être mental est énorme. Les survivantes de la violence sexuelle (en raison de leur force et de leur persévérance, il serait erroné de les qualifier de « victimes ») sont confrontées à des troubles anxieux, à la dépression et au stress post-traumatique.

Tant sur le plan mental que physique, la violence sexuelle ruine d’innombrables vies dans le monde entier. Les blessures physiques ne sont pas seulement douloureuses. Elles brisent les rêves de l’enfance et ont un impact sérieux sur la vie sexuelle. Cette forme de violence a de graves conséquences sur la santé physique des femmes. Il s’agit souvent de blessures irréparables et, dans certains cas, la violence sexuelle peut même entraîner la mort. Les femmes doivent poursuivre leur vie avec une blessure mentale et souvent physique qui ne peut être guérie, comme l’explique Denis Mukwege dans son livre « Le pouvoir des femmes » (Mukwege, 2021).

En RD du Congo, la vie des victimes est à jamais bouleversée. Après le crime, la survivante est généralement rejetée et son mariage avec son mari est souvent dissous. En fait, elle est souvent tenue pour responsable de l’abus, comme si elle avait provoqué la violence par son propre comportement. C’est d’ailleurs ce qui est trop souvent mis en avant en Occident pour légitimer des comportements sexuels non désirés.

Les mutilations génitales sont encore pratiquées dans 33 pays d’Afrique, 6 pays d’Asie et 5 pays du Moyen-Orient. Les mutilations génitales ne sont pas non plus une exception dans certaines communautés d’Europe de l’Est et au sein de la diaspora en Europe et aux États-Unis. On estime qu’environ 4 millions de filles sont exposées chaque année au risque de mutilation génitale féminine.

Le viol est également une forme encore très répandue de violence sexuelle à l’égard des femmes. L’absence de chiffres fiables ne nous empêche pas de parler d’une véritable crise du viol qui sévit actuellement, et depuis de nombreuses années, en RD du Congo. En particulier dans l’est du pays, des millions de personnes sont touchées par l’insécurité. En Ituri et au Sud-Kivu, où Memisa opère en tant qu’ONG, le viol est utilisé comme arme de guerre.

En raison du manque de données fiables, il est difficile de quantifier les cas de violence sexuelle dans le monde. Et puis, les femmes hésitent souvent à dénoncer les crimes commis à leur encontre, ce qui est compréhensible. La violence sexuelle est la forme de violence la moins signalée dans le monde. Les recherches montrent que, contrairement à d’autres formes de violence, la violence fondée sur le genre ne diminue pas dans les pays occidentaux (source). C’est inquiétant.

Les femmes sont considérées comme des citoyennes de seconde zone 

Les causes de la violence fondée sur le genre sont culturelles, sociales, économiques et politiques. Dans cet article, nous aborderons les 2 premières, qui se traduisent par l’oppression des femmes. Les normes sociales patriarcales perpétuent l’inégalité entre les sexes et contribuent à ce type de violence.

En RD du Congo, mais aussi, dans une plus ou moins grande mesure, dans la plupart des sociétés, les femmes sont souvent considérées comme des citoyennes de seconde zone dès leur naissance. Dans les sociétés où les hommes détiennent le pouvoir social et politique, la violence sexuelle est un effet collatéral bien toléré.

Encore aujourd’hui, dans nombreuses communautés de l’Afrique à l’Europe, on attend des femmes qu’elles s’occupent des enfants, qu’elles fassent le ménage et qu’elles obéissent à leur mari. En général le travail de ‘care’ non rémunéré est traditionnellement réservé aux femmes.. Elles sont encore trop souvent considérées comme « inférieures » dans le monde entier. Pendant des millénaires, la société a été façonnée par la domination masculine, ce qui a conduit des millions, voire des milliards, de filles et de femmes à subir des discriminations et des injustices. Le mépris de la vie des femmes est en fin de compte la cause des crimes sexuels

La violence masculine à l’égard des femmes est également alimentée par une culture de l’impunité, où l’ « agresseur » n’est pas suffisamment puni et où les victimes ne sont pas suffisamment protégées et soutenues. Une écrasante majorité de femmes sont abandonnées par le système de justice pénale. Partout dans le monde, le viol reste souvent en dehors de la sphère pénale et trop souvent les femmes et filles sont obligées par leur même famille à accepter des accords à l’amiable voir marier leur bourreau.

Rompre le déséquilibre de pouvoirs 

L’un des moyens de lutter contre la violence sexuelle est de continuer à réduire les déséquilibres de pouvoir entre les hommes et les femmes. Car la violence sexiste est et restera toujours une histoire de pouvoir. Cet article d’opinion est un appel fait aux personnes en position d’influence : prenez la parole au sujet des violences sexuelles. Ensemble, en tant que citoyens, politiciens et activistes, nous pouvons jouer un rôle à bien des égards pour faire du monde un endroit plus sûr pour les femmes. En faisant entendre nos voix et celles des femmes.

Nous avons écrit ce texte pour exprimer notre indignation face à ce qui est fait à nos semblables. Personne ne mérite de souffrir physiquement et mentalement à cause des violences sexuelles. En tant que membres du personnel de l’ONG médicale Memisa, qui fait de la lutte contre la mortalité maternelle une priorité, nous pensons qu’il est important de sensibiliser le grand public à ce problème. Nous considérons également qu’il est nécessaire que des mesures soient prises au niveau politique, partout dans le monde, pour les prévenir et les combattre. En sensibilisant le grand public, ainsi qu’en éliminant certains sujets tabous comme les violences sexuelles, des changements positifs peuvent survenir dans la manière dont les femmes sont traitées. C’est ce en quoi nous croyons.

Anna Salvati est responsable régionale pour Memisa pour l’Ituri.  

Thibaut Verhaeghe est chargé de communication pour Memisa.

Ce texte est une traduction de l’opinion publiée sur le site du Mo* Magazine: https://www.mo.be/opinie/gendergerelateerd-geweld-overschrijdt-geografische-en-culturele-grenzen 

 

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