La société civile congolaise appelle la communauté internationale à agir : « Chaque jour, des personnes perdent la vie. »

18 / 02 / 2025

La situation humanitaire dans l’est de la République démocratique du Congo continue de se détériorer. Après Goma, la ville de Bukavu est désormais aux mains des rebelles du M23. Ce conflit prolongé a un impact dévastateur sur le système de santé local. Marie-Noël Cikuru et Sœur Jeanne-Cécile, partenaires de Memisa dans les provinces du Sud-Kivu et de l’Ituri, témoignent de l’urgence de la situation. 

Depuis des décennies, l’est du Congo est ravagé par des conflits armés, entraînant pauvreté et manque d’accès aux soins de santé. L’offensive récente du M23 a aggravé la situation sécuritaire, contraignant des milliers de personnes à quitter leur foyer. Une fois de plus, c’est la population qui en paie le prix. 

Les conflits n’épargnent personne, pas même le personnel médical ni les patients ayant besoin de soins urgents. Des milliers de personnes, dont des femmes enceintes et des enfants dans le besoin, se retrouvent sans assistance. Dans les provinces de l’Ituri et du Sud-Kivu, où Memisa et ses partenaires interviennent, l’accès aux soins pour les plus vulnérables est gravement compromis. 

Des hôpitaux sous pression et du personnel en danger

Les établissements de santé sont débordés face à l’afflux massif de blessés. Nos partenaires, Action d’Espoir et le BDOM à Bunia, expriment leur inquiétude face à la progression du M23 et autres groupes armés. La peur s’installe, les structures médicales se retrouvent au cœur du conflit et l’accès aux soins est menacé pour des milliers de personnes. 

 

(photo: Reuters)

Augmentation des violences sexuelles dans le Sud-Kivu 

À Bukavu, capitale du Sud-Kivu, Memisa collabore avec Action d’Espoir, une organisation qui accompagne les personnes dans le besoin, notamment les victimes de violences sexuelles. Depuis la semaine dernière, la ville est passée sous le contrôle du M23. Marie-Noël Cikuru, directrice de l’organisation, décrit une ville plongée dans le silence, uniquement troublée par des tirs sporadiques. 

La situation est chaotique, les habitants vivent dans la peur. Pendant ce temps, la population ne demande qu’une chose : la sécurité.  “C’est un état psychologique inconfortable et éprouvant. La ville s’est réveillé ce 15 février dans un silence indescriptible.”  

Marie-Noël a constaté “la fête du pillage” qui se célébrait. “C’est triste et effroyable. Pire qu’à Goma ! Les entrepôts du Programme alimentaire mondial sont vidés, ceux des particuliers ne sont pas épargnés.” 

 

Marie-Noël de notre partenaire Action d’Espoir à Sud-Kivu

Le secteur de la santé est particulièrement touché. De nombreuses personnes ne peuvent plus recevoir les soins dont ils ont besoin. De plus, les violences sexuelles et sexistes sont en forte augmentation.Marie-Noël appelle la communauté internationale à réagir: 

Chaque jour, des personnes perdent la vie, et cela semble ne pas beaucoup compter pour ceux qui pourraient chercher des solutions. Les survivants des balles et ou des bombes périssent des conséquences. Beaucoup sont en train d’errer de village en village en quête de lieu où poser la tête. Certaines structures médicales ont été désertées des soignants alors que les patients ne peuvent pas mettre leur maladie en « pause ». ” 

L’impact de la violence sur les soins de santé

Action d’Espoir et Memisa collaborent au Sud-Kivu pour améliorer l’accès à des soins de qualité et appuyer la gouvernance communautaire dans la Zone de Santé de Miti-Murhesa.

Depuis quelques semaines les rebelles du M23 avançaient du Nord au Sud-Kivu (…). C’est ainsi que les centres de santé et quelques centres hospitaliers et hôpitaux ont été désertés de leur personnel soignant, les malades en cours de soins abandonnés à leur sort, tandis que d’autres ne pouvaient plus recourir à ces structures où il était désormais impossible de recevoir des soins,” témoigne Marie-Noël, qui document les évènements depuis quelques semaines.  

Elle nous informe également d’autres faits inquiétants : les troubles actuels dans la région ont des conséquences dramatiques sur la santé de la population. De nombreux soignants ont dû fuir leurs structures, tandis que ceux restés n’ont plus de relève pour les gardes, entraînant un épuisement croissant. Le renouvellement des stocks de médicaments est devenu extrêmement difficile, voire impossible, en raison de la fermeture des banques et de l’inaccessibilité des fonds. Cette situation est catastrophique pour le système de santé, poussant la population à recourir à des solutions précaires, augmentant ainsi les risques de complications et de décès, faute de prise en charge par des professionnels qualifiés.  

A Fataki, les fournitures médicales s’épuisent 

Dans la zone de santé de Fataki, en Ituri, la récente escalade de violence met encore plus sous pression le système de santé local. Depuis 1997, Memisa et le BDOM Bunia apportent un soutien structurel aux soins primaires dans la région, mais la situation devient critique. 

L’hôpital de Fataki est débordé. Sœur Jeanne-Cécile, médecin et coordinatrice au sein de Caritas à Bunia et partenaire de Memisa depuis 20ans, décrit la gravité des événements: « Entre le 8 et le 11février, des dizaines de personnes ont été tuées ici à Fataki, et de nombreuses autres ont été blessées, principalement des femmes et des enfants. »

L’afflux de patients dépasse les capacités de l’hôpital : « Nous avons accueilli 19 blessés graves en quelques jours, alors que le nombre de décès continue d’augmenter. Nous manquons cruellement de ressources pour faire face à cette crise. »

 

 

Jeanne-Cécile, coördinatrice du BDOM Bunia

Avec la montée en flèche de la demande en soins, les stocks de matériel médical et de médicaments s’amenuisent dangereusement. « Nous manquons de perfusions pour la réanimation, de bandages, de gants, de sutures et d’appareils à ultrasons indispensables pour diagnostiquer les fractures. » 

 

Un soutien accru est indispensable

L’un des problèmes majeurs posés par l’insécurité est la pénurie de personnel médical qualifié. Sœur Jeanne-Cécile avait déjà alerté sur cette situation critique: « Les civils, mais aussi les professionnels de santé, sont contraints de fuir. On ne peut pas les blâmer, car la situation est extrêmement dangereuse. »

Malgré cela, certains soignants tiennent bon : « Dans l’est de la RDC, le personnel de santé fait preuve d’une résilience exceptionnelle. Certains médecins et infirmiers sont restés en poste depuis plus de 20 ans malgré l’insécurité, pour continuer à soigner leurs frères et sœurs. Ce dévouement est en partie rendu possible grâce au soutien de Memisa. »

Depuis des décennies, la population et les infrastructures sanitaires de l’est du Congo subissent les conséquences de l’insécurité. « Le besoin d’un soutien structurel est immense », souligne Sœur Jeanne-Cécile. « Sans l’hôpital de Fataki, il n’existe aucune alternative pour les dizaines de blessés qui y affluent. »

 

Avec votre don, nous pouvons sauver des vies

Memisa poursuit son soutien aux partenaires locaux pour assurer l’accès aux soins de santé durant cette crise, mais face à l’urgence croissante et les besoins immenses des ressources supplémentaires sont indispensables. 

Les stocks de matériel médical sont en train de s’épuiser. Votre soutien est plus crucial que jamais. Grâce à votre don, nous pouvons ensemble sauver des vies. 

👉 Faites un don pour soutenir les victimes de la violence dans l’est du Congo. 

 

 

Chaque don compte !
Déduction fiscale à partir de 40 euros par an
Consultation prénatale pour 5 femmes
Pinces et ciseaux pour l'accouchement
1 matelas confortable à la maternité

SOUTENEZ NOTRE PROJET

Je fais un don