Guinée : les patients psychiatriques méritent un traitement humain

09 / 10 / 2020
« Pour être honnête, avant, j’avais un peu peur des personnes atteintes de troubles mentaux. Heureusement, c’est différent maintenant. Après une formation, j’ai réalisé que la peur n’était pas nécessaire. Ces personnes ne sont pas possédées par le diable ou par une autre force mystérieuse. Ils sont malades et méritent un traitement humain pour aller mieux ».

Dialo Maryam Kesse travaille en tant que travailleuse communautaire à Labé, en Guinée. Trois jours par semaine, elle se rend au domicile de personnes atteintes de maladies mentales et dans leurs familles. En Guinée, pays d’Afrique de l’Ouest, comme dans de nombreux pays du monde, les troubles psychiatriques sont tabous. « Comme il n’y a pas de loi qui protège ces personnes, avec FMG et le soutien de Memisa, nous avons décidé d’inclure la santé mentale dans notre programme », explique Aboudlaye Sow, directeur de Fraternité Médicale Guinée (FMG).

Des visites à domicile

En Guinée, Memisa travaille en étroite collaboration avec FMG, une ONG locale qui défend les droits des plus vulnérables et favorise leur accès aux soins de santé. FMG est unique en son genre car elle se concentre sur les soins de santé mentale. Le programme quinquennal entre FMG et Memisa a débuté en 2017 et les efforts de sensibilisation portent aujourd’hui leurs fruits. Les habitants prennent de plus en plus conscience que l’épilepsie n’est pas une forme de sorcellerie. Les femmes qui souffrent de dépression postnatale reçoivent de plus en plus souvent les soins nécessaires.

La clé de la réussite se trouve dans les travailleurs communautaires. Ce sont eux qui, avec leur moto, visitent les patients à domicile. Ils soutiennent les patients et leurs familles. Ils accompagnent également les patients vers un centre de santé où un diagnostic peut être établi et un traitement mis en place. Au cours des trois premiers mois de 2020, 2.685 visites à domicile ont été réalisées.

Un échange d’expériences primordial

Au cours d’une formation, les travailleurs communautaires apprennent diverses techniques pour communiquer de façon appropriée avec le patient. Le développement professionnel par des activités génératrices de revenus est primordial afin que les travailleurs communautaires puissent guider les patients tout au long de leur réintégration dans la société.

En dehors de ces formations, l’échange est très important. Les travailleurs communautaires se réunissent régulièrement pour partager leurs expériences, échanger des idées et poser des questions. Après tout, le spectre des troubles mentaux est immense. De plus, le contexte dans lequel chaque patient vit est différent, c’est pourquoi le traitement doit, lui aussi, être différent.

La place de la radio

Dans un pays où 85 % de la population est musulmane (The Oxford Dictionary of Islam, 2016), le docteur Sow travaille avec les mosquées de certaines communautés. Dans la prière du vendredi, les imams demandent que les personnes souffrant de maladies psychiatriques soient respectées et non exclues. Le Dr Sow travaille également avec la radio et les journalistes afin d’accorder une plus grande attention à la protection sociale de ce groupe vulnérable. « Il y a des malades mentaux en prison, un endroit où ils n’ont pas du tout leur place. Ils se sont retrouvés là sans véritable enquête et sont traités comme des criminels. »

C’est après avoir entendu un tel spot radio que le père de Mamadou a décidé d’emmener son fils au centre de santé de Korbé. Là, on lui a diagnostiqué une schizophrénie. « Mon fils était confus, effronté et c’était souvent du charabia », dit son père. « Parfois, nous ne savions pas comment rester avec lui et il nous est arrivé d’attacher une chaîne autour de son pied pour assurer sa propre sécurité. Pendant trois ans, nous avons cherché de l’aide. Entre autres avec les guérisseurs traditionnels, mais sans résultat. Jusqu’à ce que j’apprenne à la radio que le centre de santé de Korbé proposait des consultations pour les personnes souffrant de problèmes mentaux. Je n’ai pas hésité une minute. »

« Depuis que Mamadou est en traitement et sous médicaments, j’ai le sentiment d’avoir retrouvé mon fils. Nous prions ensemble ou nous nous promenons, bref il est calme et la chaîne a disparu. »

Le 10 octobre est la Journée mondiale de la santé mentale. Cette année, cette journée se déroule dans un contexte exceptionnel. La pandémie COVID-19 pose de nombreux défis, car les personnes atteintes de maladie mentale sont menacées par cette crise de connaître un isolement encore plus grand qu’auparavant. 

 

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