A l’Est de la RD du Congo : malgré l’insécurité, Memisa nous donne la force de continuer notre mission
Sœur Jeanne-Cécile est la coordinatrice du BDOM Bunia, notre partenaire local à Bunia. Cela fait 20 ans qu’elle travaille en étroite collaboration avec Memisa. En mai 2024, lors d’une visite de nos bureaux à Bruxelles, elle prend le temps de s’entretenir avec nous. Une conversation passionnante s’en suit, sur l’insécurité à l’Est de la RD du Congo ainsi que sur le partenariat fidèle et constructif avec Memisa. Sœur Jeanne-Cécile exprime sa gratitude pour le soutien qu’elle reçoit.
Dr./Soeur Jeanne-Cécile
« Je suis incroyablement reconnaissante envers Memisa pour son soutien, parce que la situation en Ituri n’est vraiment pas facile », soupire-t-elle, même si jour après jour, elle essaie de ne pas se décourager. À Bunia (dans la province de l’Ituri, à l’Est de la RD du Congo), où Sœur Jeanne-Cécile vit et travaille, ce soutien est plus que jamais nécessaire. « Par rapport à ce qui se passait il y a 20 ans, les problèmes de santé n’ont fait qu’augmenter ».
Collaborer dans le cadre d’un partenariat équitable
Memisa apporte un soutien structurel au système de santé local en Ituri depuis 1997. Ensemble avec le BDOM Bunia, nous souhaitons faire face aux défis de santé publique dans cette région en proie à l’insécurité, en particulier dans le domaine des soins de santé primaires. Sœur Jeanne-Cécile qualifie le partenariat avec Memisa de « précieux ».
« Avec Memisa, le dialogue est toujours possible, contrairement à d’autres partenaires. Rien ne nous est imposé d’en haut. Lors du lancement et de la mise en œuvre des projets, les besoins sur le terrain sont toujours pris en compte. Nos connaissances issues du terrain aussi. »
Une des différences fondamentales par rapport à d’autres partenaires est l’approche structurelle de Memisa : « Memisa soutient le renforcement du système de santé local en donnant la priorité au renforcement des capacités et des institutions. »
Le soutien aux zones de santé dans les provinces de l’Est de la RD du Congo est crucial. Car qui dit « Est de la RD Congo », dit immédiatement « conflit ». La population locale, ainsi que l’infrastructure sanitaire locale, sont en proie à l’insécurité depuis des décennies. « Le besoin d’un soutien structurel au niveau des soins de santé est vraiment très important ici », déclare Sœur Jeanne-Cécile.
L’équipe de Memisa à Bunia
La situation à l’Est de la RD du Congo
Sœur Jeanne-Cécile estime que la Belgique, mais surtout la communauté internationale, ont accordé trop peu d’attention au conflit dans l’est du pays. Conflit qui dure depuis des décennies et dont les conséquences sont énormes.
La situation d’insécurité dans l’Est de la RD Congo n’a fait qu’empirer au cours des 20 dernières années. « Avant, il y avait déjà de l’insécurité, des massacres, des viols,… Mais ces événements violents sont aujourd’hui beaucoup plus fréquents qu’avant. »
Les difficultés sont nombreuses dans la province. Chaque jour, la population locale est confrontée aux violences : massacres, viols, destruction des infrastructures (de santé). « Dans ces circonstances difficiles, Memisa nous donne la force de continuer. Sans le programme que nous mettons en œuvre avec Memisa, la situation de la population locale aurait été encore plus désastreuse. Si l’on ajoute à cela l’instabilité, les conflits et la crise des réfugiés, tout devient encore plus difficile », souligne Sœur Jeanne-Cécile.
La résilience du personnel médical en situation de conflit
En tant que coordinatrice du programme de Memisa en Ituri, Sœur Jeanne-Cécile rencontre de nombreuses difficultés liées au contexte local. L’un des défis posés par l’insécurité est le manque de personnel qualifié dans les centres de santé des zones touchées. « Les citoyens ordinaires, mais aussi le personnel des centres de santé et des hôpitaux, fuient la région. On ne peut pas leur en vouloir, car la situation sur le terrain est vraiment très dangereuse ».
Centre de santé saccagé
Malheureusement, beaucoup d’agents de santé ont perdu la vie. Les autres restent sur le terrain, coûte que coûte. « Ici, dans l’est du pays, le personnel de santé fait preuve d’une formidable résilience. Il y a des médecins et des infirmières qui sont restés au même endroit pendant plus de 20 ans malgré l’insécurité. Ils et elles continuent à soigner leurs frères et leurs sœurs. Le programme de Memisa contribue aussi à cette résilience et apporte le soutien nécessaire au personnel médical ».
L’un des principaux défis est d’assurer la présence de personnel qualifié dans la région. Une solution pour garantir la motivation des prestataires de santé est de leur proposer des formations et d’assurer un renforcement de leurs capacités. « Nous avons particulièrement besoin de personnel capable d’assister les femmes pendant leur accouchement afin de réduire la mortalité maternelle et infantile.
« Grâce aux formations, nous donnons aux (futurs) soignants les connaissances et les capacités nécessaires pour prodiguer des soins dans un contexte difficile. Nous avons donné à 14 jeunes la possibilité d’obtenir un certificat d’aide-soignant. En leur donnant l’occasion de se former dans leur propre région, nous leur donnons l’envie d’y rester une fois leur diplôme en poche. Et de continuer à s’occuper de la population locale. Ils sont moins enclins à partir ».
Crise des réfugiés : Memisa apporte des kits d’hygiène et de dignité
Les violences incessantes dans la province d’Ituri ont provoqué le déplacement de centaines de milliers de personnes. Alors que des massacres et des viols ont lieu, que des villages entiers sont incendiés, la population doit chercher toujours plus loin de la nourriture, de l’eau, des abris et des soins de santé. Des centaines de milliers de personnes sont déplacées à l’intérieur du pays. Cela entrave leur accès à des soins de santé de qualité.
Pour des centaines de milliers de personnes déplacées dans l’Est de la RD du Congo, l’accès aux soins est un véritable défi.
Les personnes déplacées vivent dans des conditions précaires. Les femmes et les jeunes filles sont particulièrement vulnérables. Les mauvaises conditions d’hygiène, entre autres, augmentent le risque de propagation des maladies. En outre, les femmes et les jeunes filles sont souvent victimes de violences sexistes.
Afin d’améliorer les conditions d’hygiène des femmes réfugiées, nous avons distribué 486 kits de dignité dans les zones de Lita et Fataki. Ces kits sont indispensables dans les camps où l’hygiène de base fait souvent défaut. Ils comprennent :
- des sous-vêtements,
- des serviettes hygiéniques,
- des linges hygiéniques,
- du savon
Ce matériel est une aide précieuse pour les femmes pendant leurs menstruations. Memisa souhaite à donner aux femmes un minimum de dignité, même dans un environnement précaire et peu sûr.
« La puberté et le corps ne se développent pas différemment, que l’on soit en sécurité chez soi ou que l’on vive dans un camp de réfugiés. Les femmes et les filles dans la précarité ont vraiment besoin d’être soutenues durant ces périodes ».
Outre les kits de dignité, nous distribuons également des kits d’hygiène pour permettre aux femmes d’accoucher dans de bonnes conditions. Une bonne hygiène durant l’accouchement protège les femmes et les nouveau-nés des infections graves. Cela contribue à réduire la mortalité maternelle et infantile« .
Comme nous l’avons déjà mentionné, la violence fondée sur le sexe est toujours présente dans ces circonstances difficiles. Cet aspect est également pris en compte dans la coopération, où nous sensibilisons et fournissons des médicaments qui réduisent le risque de maladies transmissibles. « En sensibilisant les femmes, celles-ci sortent souvent de leur silence et osent en parler », conclut Jeanne-Cécile.
Soutenez Memisa dans son action et apportez votre soutien aux femmes de l’Est de la RD du Congo.
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