Dr. Ketaki Das : « Chaque jour, nous luttons contre les mariages d’enfants ».
Le docteur Ketaki Das, chargée de la recherche en santé publique pour notre organisation partenaire West Bengal Voluntary Health Association (WBVHA) en Inde, nous a rendu visite il y a quelques semaines. L’occasion idéale de nous entretenir avec elle !
Ketaki Das travaille pour WBVHA depuis 2009 en tant que chargée de recherche en santé publique dans le « Basic Health Care & Support Program ». WBVHA travaille avec plus de 40 partenaires qui se mobilisent pour améliorer l’accès et la qualité des soins de santé dans 4 districts du Bengale-Occidental et dans 1 district du Sikkim. Ils atteignent ainsi 1,9 millions de personnes. Ils apportent un soutien financier aux partenaires et aident au travail de lobbying.
En sa qualité de chercheuse en santé publique, le Dr Das met au point les nouveaux projets, mène toutes les activités de recherche et analyse les données. Elle forme les partenaires et elle est le lien direct avec les institutions académiques pour l’amélioration des programmes.
« Avec WBVHA, nous identifions les besoins de la communauté, fixons les priorités et rassemblons tous ceux qui jouent un rôle dans ce domaine, tels que les dirigeants communautaires, les prestataires de services et les autres acteurs locaux. La problématique, par exemple celle de l’infrastructure inadéquate, est discutée, ensuite, soit une solution est recherchée, soit le problème est renvoyé à un niveau supérieur. »
Fonds de santé communautaire
Une initiative particulièrement réussie de WBVHA et la création des « Fonds de santé communautaires » par les villageoises. Ces fonds servent à couvrir les coûts supplémentaires des soins de santé tels que le transport. L’initiative vient de « self-help groups » : des groupes d’entraide qui existent depuis plusieurs années et dont les membres mettent une somme d’argent de côté tous tous les mois. A l’origine, ce montant était consacré aux activités économiques et génératrices de revenus. Ils ont cependant décidé de faire des soins de santé une priorité et une partie de ces fonds est aujourd’hui dédiée aux soins de santé. « Cet argent est utilisé pour les urgences médicales telles que le transport vers les centres de santé ou pour les médicaments de base. Les femmes n’ont plus besoin d’emprunter de l’argent à d’autres femmes », explique le Dr Das.
Les mariages d’enfants
En Inde, il existe de nombreux groupes d’adolescents, des groupes mixtes mais aussi des groupes constitués exclusivement d’hommes ou de femmes. Avec l’aide de WBHVA, ils ont acquis des compétences en matière de santé psychosociale, physique et mentale. Ils luttent entre autres contre les mariages d’enfants, qui sont encore fréquents dans cette région. Pour éviter les mariages d’enfants, les leaders de ces groupes ont appris à s’exprimer sur le sujet et s’adressent directement aux parents. Si cela ne fonctionne pas, ils vont alors voir d’autres membres de la famille, des personnes proches de la famille ou encore le chef du village.
Groupes gériatriques
Une autre initiative de WBHVA est celle des « groupes gériatriques », pour les personnes de plus de 60 ans. « Ces groupes défendent les intérêts des pensionnés auprès des autorités locales », dit le Dr Das. Ces groupes aident aussi à surmonter la solitude et organisent des activités qui favorisent l’intégration sociale.
Conférence
« Avec WBHVA, nous pouvons atteindre un grand nombre de personnes et apporter des changements. Par exemple, nous avons réduit le nombre d’accouchements à domicile : 92 % des naissances ont lieu dans un centre de santé. Chaque jour, nous luttons avec succès contre les mariages d’enfants et la traite des enfants.
Bien sûr, nous voulons partager nos connaissances à ce sujet. C’est l’une des raisons pour lesquelles, en coopération avec Memisa, nous organisons une conférence au Bengale-Occidental du 7 au 9 février 2019. Nous parlerons du « Basic Health Care Program », de la manière dont il est mis en œuvre et des méthodes utilisées, afin que d’autres puissent en tirer des enseignements. Nous invitons tous les instituts travaillant dans le domaine de l’hygiène et des soins publics, en Inde et à l’étranger à y participer. J’espère que cet évènement sera un succès ! »