Rencontre avec Sœur Georgette Tshibang, fondatrice du centre Tulizeni.

29 / 11 / 2018

Il y a trente ans, Memisa Belgique a été créée pour appuyer les missionnaires belges dans leurs initiatives de services de santé. Depuis, leur travail a été repris par des forces locales. Dans la lignée de nos origines, Memisa soutient certaines initiatives locales. Des projets qui s’inscrivent dans notre stratégie de développement durable, des initiatives portées par les communautés et des partenaires de la société civile. Une de ces initiatives est celle du centre de Tulizeni, à Goma, en RD du Congo. Nous avons rencontré sa fondatrice, Sœur Georgette Tshibang.


Memisa : Pouvez-vous nous dire ce que signifie le nom « Tulizeni »

Soeur Georgette : Tulizeni signifie « tranquillise-toi». Tu viens avec pleins de choses dans la tête : on t’a fait du mal, on t’a abandonné. Tulizeni te dit : « Vient à l’écart et tranquillise-toi. On va voir comment, ensemble, se remettre debout. La vie continue, tout n’est pas fini.»

Comment est né le centre Tulizeni? 

Il a été créé suite à mon travail de terrain. En 2008, j’ai travaillé dans les camps de déplacés. Un jour, la maman de deux petites filles est décédée, les laissant orphelines. Quand je me suis rendue dans le camp, les gens m’ont demandé « Que faire des fillettes ? » Elles étaient tellement malnutries que la première chose à faire était de les soigner. Mais après ? J’ai donc cherché de la famille partout dans le camp. Sans succès. Je les ai ramenées à la maison jusqu’à ce qu’on trouve une solution. Les gens ont vu que j’avais accueilli 2 enfants… ils m’en ont rapporté 4 autres. On les a soignés et ils sont restés avec nous mais je ne savais pas quoi faire. Le conseil général des sœurs était le seul à pouvoir prendre une décision. Je leur ai expliqué

Vous travaillez beaucoup avec les femmes victimes de violences sexuelles. Pouvez-vous nous en dire plus ? la situation et on m’a dit « Cela rentre vraiment dans nos objectifs de congrégation ! On va essayer de sauver la vie. Tant qu’on le peut ». Tout est parti de là. Nous prenons en charge l’accueil et les problèmes de santé mentale. Nous faisons beaucoup de choses dans ce domaine, à part la ‘détraumatisation’ et la réparation physique car nous ne sommes pas une structure médicale. Chaque mois, nous avons des nouveaux cas mais je ne peux en accueillir que 25, car la charge de travail est importante.On travaille beaucoup sur le corps. Il faut se le réapproprier. Il faut réapprendre à se laver, à prendre soin de soi, à se maquiller. De telle façon qu’on ne voit pas écrit sur notre front « elle a été violée ». 

Quelle est, pour vous, la chose la plus enrichissante dans votre travail ?

Voir la vie qui se remet debout. Un enfant qui souffre de la malnutrition puis fait 9/10 de moyenne à l’école, c’est une merveille. Voir un enfant qui a été jeté à la poubelle et qui marche à 4 pattes et qui vous fait coucou. Ou encore de voir toutes ces filles adolescentes, victimes de violences, d’inceste, recevoir une éducation professionnelle et qui travaillent. Les voir gagner un peu d’argent et venir nous rendre visite de temps en temps avec des fruits. Voir toutes ces femmes réparées et qui maintenant sont debout. C’est une grande joie. Toute cette solidarité autour du centre, tous ces gens qui croient en la vie, c’est magnifique !

 

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